Grève massive de la fonction publique britannique

Grève massive de la fonction publique britannique

Le 28 mars dernier, les services publics du Royaume-Uni ont probablement réussi la grève la plus massive de leur histoire depuis la grève générale de 1926. De surcroît, jamais les îles Britanniques n’avaient vu autant de femmes engagées dans la lutte syndicale et un mouvement aussi diversifié sur les plans ethnique et générationnel. Enfin, la détermination politique des participant-e-s était on ne peut plus claire: pour la défense de la retraite à 60 ans, après 25 ans d’activité (mise en cause pour une partie des fonctionnaires) et, au-delà, contre la multiplication des attaques du gouvernement du New labour contre l’ensemble des salarié-e-s. Dans un grand nombre de villes, les services publics étaient largement paralysés. A Newcastle, par exemple, le réseau des transports municipaux était totalement bloqué.

Le syndicat des services publics «Unison» (1,3 million de membres) a immédiatement pris des mesures concrètes pour sanctionner le gouvernement de Tony Blair. Son «Labour link committee», qui vise à faire valoir les préoccupations des membres de la fonction publique au sein du parti travailliste, a ainsi décidé de suspendre provisoirement tout appui politique et matériel à ce parti – à l’approche des élections de mai – tant que le conflit en cours ne serait pas réglé dans l’intérêt des salarié-e-s. Le Labour perd ainsi près de 200’000 £ par mois (500 000 francs suisses)… Mais cette rupture a surtout une énorme signification politique, dans la mesure où, jusqu’ici, les syndicats qui avaient été expulsés – ou avaient quitté – le Labour (employé-e-s du rail, pompiers), n’avaient pas, loin s’en faut, la même importance qu’«Unison».

Selon l’hebdomadaire de la gauche radicale, SocialistWorker-online: «La grève de mardi a marqué un retour bienvenu de la solidarité et des actions de soutien. Des centaines d’écoles ont dû fermer dans tout le pays, parce que les enseignant-e-s, qui n’étaient pas officiellement en grève, ont appuyé les assistants, les employés des cantines, les nettoyeurs et les personnels administratifs, femmes et hommes, qui participaient au mouvement pour les retraites. (…) Parfois, des syndiqué-e-s ont exprimé leur solidarité en invoquant des problèmes de santé et de sécurité. Parfois, parce que les écoles ne pouvaient tout simplement pas marcher sans l’ensemble de leur personnel non enseignant. Mais souvent, les enseignant-e-s ont refusé de franchir les piquets organisés par les grévistes. Cela n’est pas supposé se produire dans l’Angleterre de Blair, où la solidarité syndicale est considérée comme un crime».

Jean BATOU