La caisse maladie unique toujours plus nécessaire

La caisse maladie unique toujours plus nécessaire

La votation populaire se rapproche (novembre 2006 ou printemps 2007) et la campagne est déjà engagée. La droite et les assureurs maladie attaquent avec démagogie la caisse unique: ils annoncent un nouvel impôt frappant les classes moyennes, dénoncent une forme d’étatisation et défendent les bienfaits de la concurrence. Nous devons contrer ces arguments fallacieux avec le bilan social inacceptable de la LAMal et faire connaître les avantages incontestables de la caisse unique.

Le financement par tête, unique en Europe, place la Suisse en position de lanterne rouge dans l’évaluation des systèmes de santé par l’OMS pour son financement le plus anti-social. Une enquête de l’OCDE (juin 2006) montre que le versement net des ménages en Suisse est parmi les plus élevés, avec le Mexique, la Corée et la Grèce, et que la part des dépenses publiques de santé est en bas de l’échelle, alignée sur les USA. Et la tendance se renforce: la part des ménages ne cesse d’augmenter et celle des contributions publiques de diminuer.

A Genève, 50 000 personnes n’ont pu payer à temps leurs primes d’assurance maladie en 2005, faute de moyens et 9000 sont insolvables! Et le phénomène s’accroît. En Suisse, le Groupe mutuel annonce que 40 000 de ses assurés sont dans une telle situation.

Privés de prestations vitales

Face à cette dégradation sans précédent dans le domaine sanitaire, le Parlement fédéral n’a rien trouvé de mieux que de modifier l’art.64 a de la LAMal, entré en vigueur en janvier 2006, qui permet aux caisses maladie de ne plus rembourser les prestations des assurés, dès confirmation de poursuite pour non-paiement de prime ou de participation. Selon une estimation de l’Association des pharmaciens de Genève, 200 patients sont déjà privés de médicaments indispensables et plus d’une cinquantaine, de soins et médicaments vitaux. La couverture de ces besoins est abandonnée à la générosité des fournisseurs de soins, publics ou privés! Ce scandale vient grossir les rangs des partisans de la caisse unique. Il faut mettre fin à de telles pratiques des assureurs! Seul un système de financement en fonction des capacités financières des ménages, proportionnel au revenu et à la fortune, ou sur le modèle de l’imposition directe progressive permettra d’éviter une telle impasse.

La caisse maladie unique est la meilleure réponse à la main mise privée des assureurs sur le domaine sanitaire. Son contrôle tri-partite (pouvoirs publics, associations de patients et fournisseurs de soins) est une garantie de contrôle démocratique renforcé, avec la participation directe des différents acteurs dans la gestion. Cet argument doit aussi être mis en avant dans la campagne contre une gestion qui privilégie les intérêts des assureurs.

Un outil de promotion de la santé

La caisse unique va faciliter la mise en place de planifications sanitaires sur la base de données fiables et accessibles à toute la population et non plus aux seuls assureurs. Elle permettra également de sortir de la seule logique économique de « rentabilité » à court terme, et d’envisager la satisfaction des besoins de soins dans une perspective à plus long terme. Elle favorisera également des mesures préventives ciblées et des campagnes de promotion de la santé en fonction de données médicales actuellement aux seules mains des assureurs.

Ce point est fortement contesté par les assureurs qui dénoncent le danger d’une bureaucratisation accrue, alors que le système actuel fait la preuve, depuis dix ans, d’une gestion coûteuse liée aux changements de caisses, avec thésaurisation des réserves, de procédures administratives également coûteuses et d’un échec évident de la concurrence entre les caisses. A coup sûr l’initiative permettra de réaliser des économies dans la gestion.

Nous pouvons gagner!

Dans le cadre d’«A Gauche toute », notre mouvement doit renforcer les comités locaux afin de mener une campagne de terrain active avec toutes les forces nécessaires pour convaincre et gagner cette bataille importante. Même si le PSS et l’USS ont décidé de faire leur propre campagne (élections nationales obligent!), nous devons chercher à réunir le plus de militant-e-s dans les comités cantonaux afin d’élargir, hors des intérêts de boutique partidaires, la base potentielle favorable à l’initiative, force qui sera décisive dans la mobilisation pour la caisse unique et sociale.

Gilles GODINAT


Les syndicats genevois dénoncent la baisse des effectifs hospitaliers

Jeudi 29 juin, le SIT et la VPOD, par une action commune dans les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et une conférence de presse, ont dénoncé les réductions de postes, le blocage des remplacements et le despotisme de la direction. En plus d’une réduction des effectifs en 2006 (suppression de 39 postes), après avoir unilatéralement rompu l’accord hospitalier avec les syndicats, la direction vient d’annoncer le blocage total de dotation complémentaire (pour faire face aux absences maladie, accidents, etc).

Dans certains départements des HUG, les remplacements pour vacances ou Plend (retraite anticipée), voire les congés maternité ne sont plus assurés. Dans le même élan, la direction décide une dépense de 2,7 millions pour un audit censé améliorer l’efficience d’ici fin 2007! Enfin, le Conseil d’Etat a annoncé une réduction de 20 millions pour les HUG, soit l’équivalent de 200 postes supprimés.

Alors que les besoins sanitaires hospitaliers augmentent très nettement dans certains secteurs, comme les urgences, en pédiatrie, à la maternité, en médecine interne, en chirurgie, les effectifs sont déjà insuffisants et ceci depuis de nombreux mois, et les patients en font les frais.

Une vaste étude de l’Institut des sciences infirmières de l’Université de Bâle (RICH-Nursing) sur le rationnement des soins, publiée en 2005, met en évidence l’effet négatif du rationnement des soins sur la satisfaction des patient-e-s et des soignant-e-s, avec l’augmentation des complications et donc des coûts. D’autres études comme l’IHOS (International Hospital Outcome Study) avaient déjà démontré les rapports significatifs entre la réduction du personnel soignant et une baisse de la qualité des soins, au-delà des systèmes de santé différents. Pour la première fois en Suisse, ces données sont établies, y compris en comparaison internationale.

Ces études ne font que confirmer ce que le personnel et les patient-e-s «expérimentent» déjà, sous le régime néolibéral de la réduction des dépenses publiques, depuis plusieurs années. Mais la situation se dégrade dangereusement. Le Forum santé de Genève vient ainsi de réaliser une enquête synthétisée dans un livre blanc, disponible dès la fin de l’été, qui met en évidence l’insuffisance d’effectifs et la détérioration des conditions des soins dans différents services hospitaliers.

La rentrée s’annonce chaude avec cet appel syndical et la perspective de nouvelles mesures restrictives dans le deuxième catalogue d’économies du Conseil d’Etat. La mobilisation sera plus que jamais indispensable pour défendre un service public de qualité.

Gilles GODINAT