IIe pilier: l'escroquerie continue





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IIe pilier: l’escroquerie continue

Le Conseil fédéral, qui a demandé aux experts des banques et des assurances de lire dans le marc de café, a repris sans discuter (comment le pourrait-il, du reste?) leur estimation d’un rendement à long terme sur les marchés financiers en baisse rapide. Donc, avec un esprit de prévoyance très professionnel, il propose d’abaisser le taux de conversion minimal LPP de 6,8% à 6,4%. Ce taux permet de calculer votre rente de IIe pilier à partir du capital accumulé (votre bonification de vieillesse). Plus il baisse, moins votre rente sera élevée et plus les compagnies d’assurances pourront se mettre la différence dans la poche. D’où leur exigence de passer carrément en dessous de la barre des 6%. La baisse prévue par le Conseil fédéral devrait se faire en quatre étapes, de 2008 à 2011. Présentée comme une mesure technique, cette baisse représente une nouvelle attaque pour les rentiers et rentières, en particulier les moins bien lotis. Quelle que soit la saison, le IIe pilier est une solderie permanente.

Hautes écoles: le type de maturité fait le tri

Contrairement aux illusions égalitaires que certains entretenaient à propos de la réforme de la formation en Suisse, le nouveau système des Hautes écoles n’a pas fondamentalement modifié la donne. Les 80% des titulaires d’une maturité gymnasiale entrent dans une Haute école universitaire (HEU), alors que le 58% des porteurs d’une maturité professionnelle font le choix d’une Haute école spécialisée (HES) ou pédagogique (HEP). Derrière cette sélection par les filières se joue évidemment une sélection sociale. L’adage populaire qui veut que «les fils d’ouvrier aillent au Tech’ et les fils à papa à l’Uni» se confirme. Plus fortement encore pour les filles, puisque parmi les détentrices d’une maturité professionnelle, seules 30% poursuivent leurs études au niveau supérieur.

Vague de réfugiés britanniques en Suisse

Par centaines, plus probablement par milliers, les «trustees» britanniques sont attendus par la place financière helvétique, en provenance du Royaume-Uni. Ce pays a eu l’inconvenance de réviser sa législation sur ces fiduciaires patrimoniales (rien à voir avec les trusts désignant la concentration verticale des entreprises). Elle permettait de placer de l’argent pour sa descendance, qui pouvait en profiter dès l’âge de 25 ans, net d’impôts. Désormais, ces «trustees» sont imposés et les contrôles antiblanchiment renforcés. Du coup, la Suisse apparaît comme un paradis pour ces activités car «aux avantages du secret bancaire s’ajoute le fait que l’évasion fiscale n’est pas considérée comme un crime, mais est qualifiée de délit.» (Le Temps, 17.7.06). Et les spécialistes de se pourlécher les babines: «nous voulons attirer en Suisse une clientèle haut de gamme en matière de structuration patrimoniale et planification fiscale». C’est beau, non, la solidarité des portefeuilles…

Daniel SÜRI