Aberrant Conseil d'État neuchâtelois

Le Conseil d'Etat neuchâtelois

Le 13 mars dernier, les jeunes de la grève pour le climat du canton de Neuchâtel ont déposé une motion populaire cantonale demandant de déclarer l’état d’urgence climatique et écologique, de mettre en place des mesures pour atteindre un bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) neutre d’ici 2030 et des outils démocratiques pour les évaluer. Le Conseil d’État recommande le refus de cette motion. Outre sa confusion entre CO2 et GES, les arguments du Conseil d’État étonnent. L’objectif de 2030 ne serait pas réaliste? Si nous n’essayons même pas, nous avons déjà échoué. L’état d’urgence remettrait en cause les prestations sociales et obligerait d’augmenter les impôts? Au Conseil d’État de modeler sa capacité d’investissement, et de décider de ponctionner les grandes entreprises plutôt que de pressuriser encore les classes moyennes et populaires.

À entendre les grands discours des membres du parti, on serait en droit d’attendre d’un Conseil d’État à majorité socialiste qu’il porte l’exigence de justice. Mais cela irait à l’encontre des baisses fiscales antisociales accordées par ce même Conseil d’État aux contribuables les plus aisé·e·s depuis des années.

On peut se réjouir des efforts entrepris par le canton. Mais ils ne vont pas assez loin, ni assez vite! L’urgence environnementale devrait être traitée comme telle, et les efforts du canton, ainsi que des autres États de par le monde, se doivent d’être bien plus conséquents. Effondrement de la biodiversité et de la biomasse, hausse des mers et des températures, pollution, perte de fertilité des sols doivent nous pousser à agir ici et maintenant. Or, le Conseil d’État agit comme si les efforts consentis jusqu’à maintenant étaient les seuls possibles et qu’ils étaient suffisants. Cette position est dangereuse pour notre canton, mais également pour les milliards de personnes qui seront impactées par la hausse des mers (disparition de leur habitat, pollution de l’eau potable), le manque d’eau, les ravageurs (bostryche…), etc.

Nous espérons que nos parlementaires sauront se montrer plus conséquent·e·s dans la défense de notre environnement commun.

Que la motion passe ou non, les jeunes grévistes ne se démobiliseront pas: rencontre nationale ; motion populaire cantonale contre les investissements dans les énergies fossiles, motions populaires communales contre la publicité commerciale, grève internationale le 24 mai avec une grande manifestation à Neuchâtel et diverses actions.

L’urgence de cette crise et la justice climatique ne connaissent pas de frontières, et doivent être une priorité absolue. Mais courage, si nous luttons, « on vaincra la fin du monde »!

Robin Augsburger Solange Thiémard