Lieu sans projets et projets sans lieu

Le 18 janvier, le collectif Espacito a occupé un bâtiment vide au centre-ville de La Chaux-de-Fonds pour y créer un espace autogéré. Devant une trentaine de personnes venues en soutien, quelques journalistes et une dizaine de policier·es, la banderole «Espace vide vivant» a été déployée sur la façade de cet immeuble de quatre étages. Ancienne propriété d’une entreprise en faillite, le bâtiment laissé à l’abandon depuis plusieurs années est maintenant aux mains de l’Office des faillites de Zurich.

Des membres du collectif Espacito tendent une banderole "Espace Vivant” sur un immeuble de la Chaux-de-Fonds
Investissement du bâtiment par le collectif Espacito

Espacito appelle à la création d’un espace hors des logiques marchandes. La ville fourmille de projets n’ayant pas les moyens ou l’envie de s’inscrire dans la logique capitaliste, alors que ce même système crée des espaces vides à foison. C’est le cas à La Chaux-de-Fonds comme ailleurs. 

Imaginé comme une fabrique d’autonomie pour la population, le collectif et ses nombreux soutiens (dont une pétition signée par plus de 600 personnes en 48 heures) espéraient voir naître un lieu socioculturel politisé, fait de rencontres, d’échanges et de solidarité. Après une semaine d’occupation, les idées foisonnaient: lieu d’organisation pour différentes associations, espace enfantex-parentex, magasin gratuit, bibliothèque et radio libres, représentations théâtrales, débats, projections, etc. 

Las ! L’Espace autogéré a été évacué par la police dans la matinée du 1er février. Si ce premier épisode a tourné court, il aura permis de ranimer le débat entre les droits d’usage et la sacro-­sainte propriété privée. 

Interpellée, la ville botte actuellement en touche : nous l’encourageons à se saisir véritablement de la question des bâtiments vides, ainsi qu’à favoriser les projets porteurs de sens – avant le profit.

Nathalie Delbrouck    Mathilde Hofer

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