Solidarité avec la Palestine au creux de la vague?

Solidarité avec la Palestine au creux de la vague?

A la fin du mois d’août, dans les locaux du Parlement
européen, s’est tenue la conférence annuelle que le
Comité pour l’exercice des droits inaliénables du
peuple palestinien de l’ONU organise conjointement avec les
principaux réseaux internationaux de solidarité avec le
peuple palestinien. Il faut rappeler que ce comité ne doit sa
survie qu’à la volonté des Etats du Sud, qui votent
sa reconduction année après année, malgré
l’opposition des Etats-Unis et d’Israël et
l’abstention des pays européens. Le Sénégal,
Cuba, la Malaisie et la Palestine composent la présidence du
comité, et la cinquantaine d’ambassadeurs qui assistaient
aux travaux ne provenaient que d’Etats du Sud (et non des
moindres: Chine, Inde, Brésil, Argentine,…).

L’accord arraché à la présidence du
parlement européen pour la tenue de la conférence
constituait déjà un succès remarquable pour les
organisations européennes de la solidarité. Les
contestations par des organisations filo-israéliennes ainsi que
des europarlementaires polonais qui avaient qualifié la
conférence de «anti-israélienne» ont
contribué à donner une visibilité accrue à
la conférence. Mais le nombre – plus important que jamais
– de militant-e-s et activistes venus, de toute l’Europe et
d’ailleurs, débattre du rôle et des
possibilités d’action pour les mouvements de
solidarité, ainsi que l’ambiance constructive sont
probablement à mettre sur le compte d’une volonté
générale de faire face, avec un nouvel élan,
à une situation qui n’a jamais été aussi
difficile,matériellement et surtout politiquement, dans la
Palestine divisée d’aujourd’hui.

Sur cet aspect, on a remarqué les appels de nombreux
Palestiniens présents (Mustafa Barghouti, Ilan Halevi entre
autres) à retrouver l’unité de la
représentation politique palestinienne face à
l’oppression israélienne.

Si le mot apartheid semble désormais de plus en plus
utilisé pour définir l’oppression
israélienne (le titre du livre de Jimmy Carter y contribuant
largement), les discussions autour de l’appel Boycott,
Désinvestissements, Sanctions (BDS) continuent. Sur cette
question nous partageons largement le souhait exprimé à
la conférence par Michel Warschawski: qu’au lieu de
poursuivre les dispendieuses discussions sur l’adoption de
l’appel BDS, on passe à la mise en œuvre de
campagnes et actions pour enfin exercer des pressions concrètes
sur l’Etat d’Israël.

Les campagnes à activer ou à développer
sontmultiples. Il y a une urgence absolue pour faire lever le blocus
qui fait suffoquer matériellement et politiquement Gaza.
L’Union Européenne y a une responsabilité directe
puisque ce sont des policiers UE qui cautionnent la fermeture
permanente du point de passage de Rafah. Une fois de plus, il faudrait
rappeler à la Suisse ses engagements, pour faire appliquer au
moins la liberté de circulation pour les habitante-s de Gaza. Il
y a plusieurs campagnes à poursuivre, l’arrêt de
tout commerce d’armes avec Israël est un objectif qui jouit
d’un très large consensus. Le 29 novembre, journée
internationale de solidarité avec la Palestine, sera un
rendez-vous important, à la fois pour revendiquer la
levée du blocus de Gaza, mais aussi pour préparer la
mobilisation en vue du 15mai 2008. Face aux célébrations
du soixantième anniversaire de la naissance de l’Etat
d’Israël, le mouvement de solidarité international a
une tâche qui pourrait se résumer ainsi: faire
reconnaître l’énorme injustice que subit lepeuple
palestinien depuis 60 ans.

Tobia Schnebli