80000 manifestants à Vicenza contre la nouvelle base US

80000 manifestants à Vicenza contre la nouvelle base US

Du 14 au 16 décembre, à Vicenza a connu trois jours de
mobilisation avec un grand succès de participation,
malgré – ou aussi en raison de – la récente
démonstration de servilité du gouvernement de
centre-gauche italien. En visite officielle à Washington,
quelques jours auparavant, il venait de rassurer le grand allié
états-unien de son soutien à la construction d’une
nouvelle base militaire US gigantesque dans la ville de Palladio.

Depuis plus d’une année, toute une foule
d’habitante-s, de pacifistes, de défenseurs du bien commun
aux orientations politiques, culturelles, linguistiques et historiques
diverses, se mobilisent pour empêcher la construction d’une
nouvelle base militaire sur les terrains du «Dal Molin», un
ancien aéroport situé dans la ville de Vicenza (www.nodalmolin.it).
Une première grande manifestation de masse avait réuni
près de 100000 manifestant-e-s, le 17 février 2007. Celle
du 15 décembre a réussi à rassembler environ 80000
personnes, deux fois plus que ce qu’attendaient les
organisateurs. Les drapeaux des partis politiques étaient
absents des deux manifestations, la désillusion des
manifestant-e-s face aux forces politiques qui soutiennent le
gouvernement Prodi étant trop forte.

«Quelle différence avec Berlusconi?» s’est
demandé le comédien et prix Nobel Dario Fo, qui a conclu
son discours par un avertissement aux actuels gouvernants:
«Continuez à ne pas écouter les gens, et ceci sera
votre tombe. Crétins!» Par contre, les mouvements citoyens
qui, dans d’autres régions italiennes, s’opposent
à d’autres méga-projets imposés d’en
haut étaient très visibles: ceux de Venise contre le MoSE
(les écluses gigantesques aux embouchures du port www.nomose.org),
de la vallée de Susa contre la ligne TGV qui dévasterait
la région; des environs de Naples contre le (mal-)traitement des
déchets; de Cameri, près de Novara, contre l’usine
de montage des F-35. Depuis cet été, ces mouvements ont
fondé un «Pacte national de solidarité et de
secours mutuel» et ils agissent ensemble en défense de
l’intérêt public menacé.

Enlevons ses bases à la guerre!

La mobilisation de ces trois journées se voulait internationale,
pour montrer comment le projet de nouvelle base à Vicenza
s’inscrit dans la réorganisation de l’infrastructure
nécessaire à la guerre globale permanente. Hans
Lammerant, du mouvement contre les arsenaux nucléaires en
Belgique (www.bombspotting.be),
a rappelé qu’à la différence d’autres
empires coloniaux, l’empire états-unien n’a pas de
colonies, mais maintient des bases militaires presque partout dans le
monde. Ces bases sont de véritables noeuds logistiques de la
guerre. La restructuration des bases en Europe répond à
deux exigences: d’abord celle d’assurer la capacité
d’intervention militaire rapide au Moyen Orient, en Asie
Centrale, ainsi qu’en Afrique; ensuite, celle de contenir toute
velléité de puissance de la part de la Russie. Sans les
bases aériennes, navales et des forces terrestres de
l’OTAN en Europe, les guerres en Afghanistan et en Irak
n’auraient pas été concevables.

Les mouvements de résistance à la militarisation de
différentes régions européennes présents
à Vicenza ont montré tout l’intérêt
d’unir les dimensions locales de l’impact de la
militarisation sur le territoire avec la dimension internationale du
rejet de la «guerre globale et permanente». Jan Majicek du
mouvement tchèque «ne zakladnam – non aux
bases» a remarqué qu’en 2003, en République
tchèque, le mouvement antiguerre n’était actif
qu’à Prague, alors qu’aujourd’hui la lutte
contre l’implantation de nouvelles bases de l’OTAN est
actif dans l’ensemble du pays. Il a également
souligné que «le meilleur allié contre les bases,
c’est la ligue des maires contre les radars». Les maires de
toute une région tchèque se sont unis pour empêcher
l’installation de radars de l’OTAN. Ils étaient
représentés à Vicenza par Josef Hala, maire du
village de Jince, où l’armée US veut installer une
station radar. Il paraît que le gouvernement tchèque a
traité lesmaires d’«agents à la solde de
Moscou»…

La même connexion entre initiatives locales et questions globales
se retrouve dans les actions du mouvement opposé au doublement
de la base militaire US d’Ansbach en Bavière
(Bürgerinitiative «Etz langt.s!» e.V., Ansbacher
Friedensbündnis www.urlas.de)
qui devrait devenir la plus grande base
d’hélicoptères militaires d’Europe. Le
mouvement a réussi une action retentissante avec le concours
d’un groupe de «véterans contre la guerre en
Irak», qui a réussi à pénétrer dans
la base et à distribuer des tracts aux G.I.s  

Pour conclure, une mention à part s’impose pour la couleur
rose qui réunit les activistes du groupe «Rosa
Heide» – contre le militarisme et le Bombodrome –
(une place de bombardements dans le nord de l’Allemagne) et les
militantes antiguerre états-uniennes de «Code Pink»,
également présentes à Vicenza (www.codepink4peace.
org
).

Tobia Schnebli