Italie: Crise politique et recomposition à gauche

Italie: Crise politique et recomposition à gauche

La recomposition politique de la gauche de l’échiquier
politique italien connaît actuellement de nouveaux
rebondissements, dans la continuité d’une évolution
dictée à la fois par la réforme du système
politique caractéristique de la 2e république d’une
part, et par la crise de représentativité que ce
même système génère. Après la
naissance du Parti démocratique (PD, un nouvel hybride issu de
la gauche démo-chrétienne et de la majorité des
DS, majorité de l’ancien PCI) d’inspiration
sociale-libérale, le reste de la gauche réformiste plus
ou moins «radicale» s’est retrouvée à
Rome, les 8 et 9 décembre, pour lancer une
«fédération» dont la couleur
«arc-en-ciel» tient lieu de programme et la politique
institutionnelle, d’horizon politique. Les militant-e-s issus de
l’aile gauche des ex-DS (dont la majorité à rejoint
le PD), les Verts, le PRC (Partito della rifondazione comunista), et le
PdCI (communistes italiens, ancienne scission du PRC) ont
proclamé ainsi leur volonté d’occuper
l’espace libéré par la dissolution des DS, et de
contribuer ce faisant, au déplacement à droite du centre
de gravité de l’échiquier politique.

Cette fuite en arrière, ou plutôt à droite, se
combine, par le hasard du calendrier, avec l’aboutissement
d’un autre processu  politique, initié par une
dissidence à l’intérieur du PRC, et
d’opposition à la politique du gouvernement de
«centre-gauche». La conférence nationale des 7-9
décembre de l’association Sinistra Critica (SC, courant
gauche au sein du PRC, cf. solidaritéS n°116, du 24 octobre
2007), a en effet proclamé, à l’issue de ses
travaux, sa rupture définitive avec le PRC, et le lancement
d’une nouvelle organisation politique autonome, ouverte sur sa
gauche. Avec la volonté de coller au plus près aux
besoins immédiats des mouvements et de leur base sociale, la
nouvelle version de SC adopte une structure organisationnelle souple,
segmentée horizontalement par des «cercles»
territoriaux ou thématiques, et par des coordinations
provinciales.

Elle affirme, contrairement à la «fédération
arc-en-ciel», son orientation stratégique
anti-capitaliste, son rejet du social-libéralisme et la
subordination de toute politique institutionnelle aux besoins des
mouvements sociaux. La convergence politique qu’elle
préconise est à construire autour des luttes contre la
précarité, contre la guerre, contre le racisme, pour les
droits civils, le féminisme et l’écologie. Le
projet est ouvert aux réseaux de militant-e-s, au syndicalisme
de base, aux centres sociaux et qux coordinations de luttes
sectorielles. Des représentant-e-s des COBAS, du syndicat des
travailleurs, de la fédération des métallurgistes
(FIOM), du réseau des communistes, des
désobéissants du Nord-Est, et des représentants
des coordinations contre l‘élargissement de la base OTAN
de Vicenza, ont d’ores et déjà adhéré
à ce projet.


Marco Spagnoli