Nous ne payerons pas la crise! Que les riches la paient!

Nous ne payerons pas la crise! Que les riches la paient!
Pour des alternatives anti-impérialistes, anticapitalistes, féministes, écologistes et socialistes!

Nous publions ici la déclaration de l’Assemblée des
mouvements sociaux adoptée lors du récent Forum social
mondial (FSM) tenu en janvier 2009 à Belém au
Brésil.

Nous, les mouvements sociaux du monde entier nous nous sommes
réunis à l’occasion du 9e Forum social mondial
à Belém en Amazonie où les peuples
résistent à l’usurpation de la nature, de leurs
territoires et de leurs cultures. Nous sommes en Amérique latine
là où au cours de la dernière décennie a eu
lieu une nouvelle rencontre entre les mouvements sociaux et les
mouvements indigènes. Ces derniers questionnent radicalement
depuis leur cosmovision le système capitaliste.
L’Amérique latine a, ces dernières années,
mené des luttes sociales très radicales qui ont conduit
au renversement de gouvernements néolibéraux et à
la mise en place de gouvernements qui ont mené à bien des
réformes positives comme la nationalisation de secteurs vitaux
de l’économie et de réformes constitutionnelles
démocratiques.

Dans ce contexte, les mouvements sociaux d’Amérique latine
ont agi de manière adéquate en décidant
d’appuyer les mesures positives adoptées par ces
gouvernements tout en maintenant leur capacité de critique
à leur égard. Ces expériences nous aideront
à renforcer la résistance ferme des peuples contre la
politique des gouvernements, des grandes entreprises et des banquiers
qui déchargent les effets de la crise sur les opprimé-e-s.

Actuellement, nous les mouvements sociaux de la planète faisons
face à un défi de portée historique. La crise
capitaliste internationale qui porte préjudice à
l’humanité s’exprime sur différents plans:
c’est une crise alimentaire, financière,
économique, climatique, énergétique,
migratoire…, de civilisation qui accompagne la crise de
l’ordre et des structures politiques internationales.

Nous sommes face à une crise globale provoquée par le
capitalisme qui n’a pas d’issue au sein du système.
Toutes les mesures adoptées pour sortir de la crise ne cherchent
qu’à socialiser les pertes pour assurer la survie
d’un système basé sur la privatisation des secteurs
stratégiques de l’économie, des services publics,
des ressources naturelles et énergétiques, la
marchandisation de la vie et l’exploitation du travail et de la
nature ainsi que le transfert de ressources de la
Périphérie au Centre et des travailleurs-euses à
la classe capitaliste.

Ce système est régi par l’exploitation, la
compétition exacerbée, la promotion de
l’intérêt privé individuel au
détriment de l’intérêt collectif et
l’accumulation frénétique de richesses par une
poignée de nantis. Cela génère des guerres
sanglantes, alimente la xénophobie, le racisme et les
extrémismes religieux, cela renforce l’exploitation des
femmes et la criminalisation des mouvements sociaux. Dans le contexte
de cette crise les droits des peuples sont systématiquement
niés. L’agression sauvage du gouvernement israélien
contre le peuple palestinien est une violation du droit international
qui constitue un crime de guerre, un crime contre
l’humanité et aussi un symbole de la négation de
droits dont souffrent également d’autres peuples du monde.
Cette impunité honteuse doit cesser. Les mouvements sociaux
réaffirment leur soutien actif à la lutte du peuple
palestinien ainsi qu’à toutes les actions des peuples du
monde contre l’oppression.

Pour faire face à la crise, il est nécessaire
d’aller à la racine du problème et d’avancer
le plus rapidement possible vers la construction d’une
alternative radicale qui en finisse avec le système capitaliste
et la domination patriarcale. Il est nécessaire de construire
une société basée sur la satisfaction des besoins
sociaux et le respect des droits de la nature ainsi que la
participation populaire dans un contexte de pleine liberté
politique. Il est nécessaire de garantir
l’exécution de tous les traités internationaux sur
les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels
(individuels et collectifs) qui sont indivisibles.

Dans cette perspective, nous devons lutter pour impulser la plus large
mobilisation populaire par une série de mesures urgentes comme:

  •  la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle social du secteur bancaire
  •  la réduction du temps de travail sans réduction de salaire
  •  des mesures pour garantir la souveraineté alimentaire et la souveraineté énergétique
  •  l’arrêt des guerres, le retrait des troupes
    d’occupation et le démantèlement des bases
    militaires étrangères
  •  la reconnaissance de la souveraineté et de
    l’autonomie des peuples qui garantisse le droit à
    l’autodétermination
  •  la garantie du droit à la terre, au territoire, au
    travail, à l’éducation et à la santé
    pour toutes et tous.
  •  La démocratisation des moyens de communication et de connaissance

Le processus d’émancipation sociale poursuivi par le
projet féministe, écologiste et socialiste du XXIe
siècle aspire à libérer la société
de la domination exercée par les capitalistes sur les grands
moyens de production, communication et services par l’appui
à des formes de propriété
d’intérêt social: petite propriété
familiale, propriété publique, propriété
coopérative, propriété communale et collective.
Cette alternative doit être féministe car il est
impossible de construire une société basée sur la
justice sociale et l’égalité des droits si la
moitié de l’humanité est opprimée et
exploitée.

Enfin, nous nous engageons à enrichir le processus de
construction de la société basée sur la
qualité de vie en reconnaissant le participation active et
l’apport des peuples indigènes.

Nous, les mouvements sociaux sommes face à une occasion
historique pour le développement d’initiatives
d’émancipation à l’échelle
internationale. Seule la lutte sociale des masses peut sortir les
peuples de la crise. Pour impulser cette lutte, il est indispensable de
développer un travail de conscientisation et de mobilisation
à la base.

Le défi pour les mouvements sociaux est d’arriver à
organiser la convergence des mobilisations globales à
l’échelle de la planète et de renforcer notre
capacité d’action en favorisant la convergence de tous les
mouvements qui cherchent à résister à toutes les
formes d’oppression et d’exploitation.

Nous nous engageons ainsi à:

Mettre en place une semaine d’action globale contre le capitalisme et la guerre du 28 mars au 4 avril 2009 avec:

  •  une mobilisation contre le G20 le 28 mars
  •  une mobilisation contre la guerre et la crise le 30 mars
  •  une journée de solidarité avec le peuple
    palestinien pour impulser un boycott, le désinvestissement et
    les sanctions contre Israël le 30 mars
  •  la mobilisation contre le 60e anniversaire de l’OTAN le 4 avril, etc.

Renforcer les mobilisations qui se tiennent chaque année

  •  8 mars: journée internationale de la femme
  •  17 avril: journée internationale de la souveraineté alimentaire
  •  1er mai: journée internationale des travailleuses-eurs
  •  12 octobre: mobilisation globale de lutte pour la Terre
    Mère, contre la colonisation et la marchandisation de la vie
  • Mettre en place un agenda des résistances contre le sommet
    du G8 en Sardaigne, le sommet climatique de Copenhague, le sommet des
    Amérique à Trinité et Tobago…

Nous répondons ainsi à la crise par des solutions radicales et des initiatives d’émancipation !