Copenhague: voie capitaliste sans issue!
Copenhague: voie capitaliste sans issue!
La conférence des Nations unies
pour le renouvellement de la convention mondiale sur le changement
climatique (CCNUCC) aura lieu à Copenhague en décembre.
La négociation dun accord post-Kyoto est actuellement
dans limpasse pour tenter de freiner le réchauffement
climatique, lié aux émissions polluantes, et par
conséquent pour ralentir les inégalités sociales
en expansion.
Un génocide planétaire annoncé !
Un rapport du WWF, publié début septembre à
loccasion de la 3ème Conférence mondiale sur le
climat à Genève, montre en effet que les experts du GIEC
(Groupe intergouvernemental dexperts sur le climat) ont
sous-estimé laccélération de la
dégradation climatique: le réchauffement de
lArctique est deux fois plus rapide que celui lensemble
de la planète, et va faire monter le niveau des océans
dici la fin du XXIe siècle dun mètre,
plutôt que 50 cm, mettant en péril le quart de
lhumanité vivant en zone côtière !
Selon Greenpeace, le nombre de
réfugié·e·s climatiques risque de
dépasser les 200 millions de personnes ces prochaines
années, même si les pays pauvres prennent des mesures
dadaptation au changement climatique. De plus, la fonte des
glaces et des glaciers réduit dautant les réserves
deau douce: en 2050, 60% de la population mondiale risque
dhabiter dans des régions en pénurie deau
douce ! Cette catastrophe humaine planétaire est
programmée si des mesures draconiennes et urgentes contre le
réchauffement climatique ne sont pas prises. Ces mesures
concernent pour lessentiel la réduction massive des gaz
à effets de serre (GES), dont le CO2.
Le maigre bilan de laccord de Kyoto de 1997
Entré en vigueur en 2005, le protocole de Kyoto prévoyait
lengagement dune réduction de 5,2% des GES (CO2
notamment) par rapport à 1990 dans les pays
industrialisés pour une première période de 2008
à 2012. LUE et la Suisse doivent réduire les
émissions de 8%, en respectant les règles de
léconomie de marché. Des mécanismes de
« flexibilité » ont été
introduits, dont le commerce des droits de polluer, permettant aux
états industrialisés dexporter leurs engagements
de réduction de GES vers les pays en développement par
des mesures à moindre frais, sans réduire leurs propres
émissions. Rappelons que les émissions de GES nont
cessés de croître fortement au plan mondial, avec 50%
produites dans les pays industrialisés qui ne comptent que 15%
de la population mondiale. La Suisse fait partie des dix pays les plus
polluants!
Désaccord Nord-Sud sur une baisse globale du CO2 !
Le GIEC a montré que nous devons maintenir en dessous de 2
degrés la hausse de température de
latmosphère, dici la fin du siècle actuel,
pour éviter les cataclysmes. Cela implique pour lensemble
des pays une réduction des émissions de CO2 de 60%
dici 2050, la répartition étant de 80% pour les
pays riches et de 20% pour le reste du monde. Dici 2020, le Nord
doit les réduire de 40%. Mais lAllemagne et le France ne
parlent de réduire leurs émissions que de 20%. La Suisse
dit de même… dont 10% à létranger !
Le Japon ne prévoit que 8% et les USA 4%! Ces choix
désastreux équivalent à une augmentation de 3
degré pour 2040 déjà!
A Bonn, le Brésil, lInde et la Chine
et dautres pays du Sud ont réitéré leur
demande de réduction de 40% au Nord pour 2020, sinon ils ne
signeraient aucun engagement. De plus, leurs exigences se concentrent
sur trois points essentiels: égalité de droit
démission et de consommation dénergie pour
tous les habitant·e·s de la planète,
révision du système des brevets qui étrangle les
pays pauvres et transparence des mécanisme de financement des
mesures dadaptation dans un processus démocratique et
décentralisé. Aucun de ces points nest pris en
compte à ce jour par les pays industrialisés!
Droit dans le mur !
La seule perspective qui anime les gouvernements, suite à
lactuelle récession majeure de léconomie
mondiale, est une relance de la croissance, avec un replâtrage
partiel au vernis vert, après avoir injecté plus de 9000
milliards de deniers publics pour sauver leurs banques, assurances et
autres entreprises en perdition. Ces mêmes gouvernements sont
incapables de prendre les mesures financières à la
hauteur du défi climatique: il faudrait en effet, selon les
agences comme la CCNUCC plusieurs dizaines de milliards par an pour
couvrir les besoins dadaptation et au moins 200 milliards par an
jusquen 2030, en matière datténuation pour
stabiliser les émissions de GES. Or seuls 18 milliards ont
été promis aux fonds climat, et 1 seul milliard a
été versé à ce jour! Dans ces conditions,
le capitalisme réellement existant semble bien incapable de
répondre aux urgences climatiques, sans parler des urgences
sociales.
Mobilisations générales pour le climat et la justice sociale !
A ce stade, seules les mobilisations sociales massives des populations
pourront changer le cours des choses. Léchéance de
Copenhague doit nous permettre de dénoncer les blocages actuels
qui rendent laccord intergouvernemental impossible, mais surtout
de montrer une autre voie que la course folle à la croissance
économique capitaliste et à son corollaire, la croissance
des inégalités.
En effet, une alternative répondant
prioritairement aux besoins de base de la population mondiale et
préservant le cadre de vie sur terre devient une
nécessité incontournable pour rompre avec la fuite en
avant et la mise en danger de lhumanité dans son
ensemble.
Gilles Godinat et Guillaume Thion