Honduras : chronique du Porfiriato*

Honduras : chronique du Porfiriato*

Le silence entretenu par les médias dominants autour du Honduras
est assourdissant. Ceux-ci sont sans doute plus
intéressés à (mal)traiter Cuba ou le Venezuela.
Carlos Humberto Reyes (FNRP) relatait, à son retour
d’Europe, une expérience vécue en France :
les militants qui l’avaient accueilli proposèrent  au
journal Le Monde un entretien avec le syndicaliste hondurien.
Réponse : depuis les élections de novembre 2009,
le Honduras n’est plus un sujet d’actualité !
Pourtant, dans le pays, la résistance populaire contre le
gouvernement post-­putschiste de Porfirio Lobo continue.

    En effet, le 10 juillet, le Front national de
résistance populaire a tenu une assemlbée à
Tocóa (département de Colón). Il a
renouvelé ses instances (le comité exécutif
passant de 7 à 15 membres pour assurer une meilleure
représentation) et nommé comme coordinateur
général le président Manuel Zelaya , actuellement
exilé en République Dominicaine.

    C’est dans un contexte répressif, il
faut le dire sans trêve, que le FNRP continue son action. Ainsi,
le 20 juillet, à El Paraiso, Marco Tulio Amaya – membre
actif du « Front des avocats en
résistance » et militant du FNRP – fut
assassiné par des « individus fortement
armés non-­identifiés », avec deux de
ses clients, Emilio Herrera et Mara Leslie Hernández. Un
troisième, Sergio Garibaldi Elvir, grièvement
blessé, fut transporté d’urgence à
l’hôpital. L’enquête policière conclut
à un crime de droit commun. Or, Marco Tulio Amaya avait
défendu « plusieurs personnes inculpées pour
avoir manifesté contre le coup d’Etat ». Des
faits documentés par un rapport du Comité pour la
défense des droits humains au Honduras (CODEH).

    Le 3 août, la police militarisée
« Cobras » investissait
l’Université nationale autonome du Honduras (UNAH) pour
réprimer les travailleurs  en lutte pour le renouvellement
de leur convention collective, à la demande de la rectrice
Julieta Castellanos, qui a déjà intenté quatre
procès au Syndicat des travailleurs universitaires (SITRAUNAH).

    Enfin, le 13 août, on a retrouvé le
corps de Maria Teresa Flores – membre du Conseil de coordination
des organisations paysannes du Honduras (COCOH) – une semaine
après qu’elle a disparu, en état de
putréfaction, avec des traces de coups de machette et plusieurs
impacts de balle.

    Sur le plan international, il existe une offensive
pour réintégrer le Honduras dans les organisations
d’où il avait été expulsé. Ainsi,
lors de l’assemblée de l’Organisation des Etats
américains en juin 2010 – dont Juan José Arevalo,
président du Guatemala entre 1945 et 1951, disait qu’il
s’agissait « d’un bocal où nagent un
requin et vingt sardines » – la secrétaire
d’Etat étasunienne Hillary Clinton avait demandé le
retour immédiat du Honduras, vu la
« normalisation » qui serait survenue
après les élections de novembre 2009 !


Hans-Peter Renk

* Porfiriato : désignant la dictature de Porfirio
Diaz, au Mexique (1876-1911). Le terme est approprié, vu
l’homonymie entre l’actuel président hondurien et
son lointain homo­logue mexicain
.