Pour la protection face à la violence des armes: le poison partout

Pour la protection face à la violence des armes: le poison partout

Le bien fondé des propositions de l’initiative
« Pour la protection face à la violence des
armes » ne fait aucun doute : la
disponibilité des armes à feux augmente le risque de
violences graves contre soi et les autres. Le Canada qui limite la
disponibilité des armes à feux  enregistre trois
fois moins d’homicides que son voisin les Etats-Unis, dont on
connaît la « liberté » en
matière d’armes à feux. Or ces deux pays sont
voisins, ont une démographie semblable et sont pareillement
développés du point de vue économique. La Suisse,
qui enregistre  quatre fois moins d’homicides que les
Etats-Unis, connaît par contre  un taux d’homicides
familiaux anormalement élevé en comparaison
internationale. On pourrait imaginer que la raison en est un taux
élevé de violences familiales en Suisse. Or ce
n’est pas le cas. La fréquence de la violence conjugale et
familiale en Suisse est plutôt inférieure à celle
des autres pays européens.

    La raison des nombreux drames où plusieurs
membres de la même famille sont abattus simultanément est
sans aucun doute, dans notre pays, la présence d’une arme
à feux dans pratiquement chaque ménage. En effet, en cas
d’explosion de violence une arme à portée de main
est redoutable. Elle permet de tuer plusieurs personnes en très
peu de temps, elle cause des blessures plus fréquemment
mortelles et l’auteur sera plus difficile à 
désarmer. Quant à  l’image du citoyen soldat
helvétique maitrisant l’usage de son arme, elle est battue
en brèche par les statistiques policières : les
Suisses ont plus souvent recours à une arme à feux lors
de tueries familiales que les ressortissants étrangers
domiciliés en Suisse. Pour toutes ces raisons, les
représentants de l’armée et de la police ont
décidé de se joindre aux responsables de la 
prévention du suicide, de la violence domestique et publique,
aux criminologues ou  aux milieux médicaux pour
réclamer une politique de précaution en matière
d’armes à feux.

    Si le Conseil Fédéral ou le
comité contre l’initiative s’y opposait en arguant
de motifs ne résistant à aucun analyse sérieuse
(difficultés pour les sociétés locales de tir,
coût élevé de la garde en arsenal, etc.) la
propagande qui vient de paraître sur les murs de nos villes ne
laisse plus aucun doute sur leurs motivations réelles :
c’est le publiciste de l’UDC qui a été
chargé de mener la campagne avec un budget dépassant le
million de francs suisses. Que dire de plus, sinon que le poison est
partout, que l’UDC et ses succédanés ont les moyens
d’utiliser
n’importe quel débat pour diffuser leur propagande nauséabonde.

    Il faut évidemment voter pour cette
initiative, mais surtout ne pas baisser la garde dans la lutte
quotidienne. Notamment en rejoignant et en soutenant des associations
de lutte contre le racisme, comme le MLCR (sur son site : www.mlcr.ch) ou ACOR SOS Racisme. 

Marie-Claude Hofner