Oui à la « culture des armes » sur fond de division villes-campagnes
Oui à la « culture des armes » sur fond de division villes-campagnes
En sexprimant dans
« Le Temps » du 14 février, juste
après la publication des résultats de la votation, le
conseiller national Vert Josef Lang donnait une des clefs de la
défaite de linitiative : « la Suisse
alémanique est traversée par une vague conservatrice qui
mobilise mieux les milieux traditionalistes et ruraux que [ne le font]
les milieux progressistes et urbains. »
Car si lon a beaucoup évoqué la barrière de
rösti pour expliquer le rejet de linitiative par
56,3 % des voix, on a moins remarqué quil
sagissait dabord dun refus massif des zones
rurales. Là où lopinion peut plus facilement se
structurer à partir de laction de groupes comme les
sociétés de tir et de chasseurs.
Ainsi, en Suisse alémanique, les villes
telles Zurich (65,4 %), Bâle (60,4 %) ou Lucerne
(58,8 %), St-Gall (56,4 %), Aarau (52,2 %) et
encore Soleure (52,7 %) approuvent linitiative, alors que
le rejet atteint des sommets dans les cantons de la Suisse dite
primitive.
Dautres éléments sont venus se
greffer sur cette situation socio-politique de départ, comme le
communiqué du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA)
lindique : « Nous constatons que les
opposants à linitiative disposaient dun budget de
campagne au moins dix fois plus élevé que celui du camp
du oui. Il est évident que la machine de propagande des
adversaires a eu une influence sur lopinion et la mobilisation
des électeurs.
Tout au long de la campagne, les adversaires de
linitiative nont pas présenté de
propositions pour réduire le taux élevé de
suicides chez les jeunes hommes ni pour limiter lusage
darmes à feu dans des situations de violence domestique.
Le lobby des armes a par contre alimenté la crainte que les
tireurs sportifs soient touchés par linitiative, alors
que le texte de linitiative mentionnait explicitement
quils nétaient pas concernés.
Il semble clair que pour beaucoup de tireurs
lenjeu était un autre, notamment la défense de
prétendues valeurs suisses.
Il sagit là dun lien malsain
entre les armes et la dignité masculine ainsi que dune
conception totalement dépassée de la défense
nationale. La propagation de la justice faite par soi-même et la
suppression du monopole dÉtat de la violence
légitime constituait laspect le plus choquant de la
campagne des adversaires.
Si les adversaires de linitiative ne veulent
pas porter la responsabilité des nombreuses victimes des armes
à feu en Suisse, ils doivent présenter rapidement des
propositions pour résoudre le problème de la violence
avec les armes. » DS