Oskar Freysinger et la banalisation du racisme
A force d’être « responsables », en cherchant à piloter le projet capitaliste européen, étouffant au passage les parlements nationaux, les socialistes se sont discrédités. La droite traditionnelle, quant à elle, a usé jusqu’à la corde le costume des « réformes », au service de la destruction des progrès sociaux du 20e siècle. Ils ont tous deux fait le lit des démagogues qui brandissent les intérêts de l’ethnie (de la race) prétendant défendre les peuples qu’ont lâchés les parlements, la « délégocratie » dixit Oskar Freysinger. (RSR la 1re, 31.5.12)
Dans le tintamarre des cloches de son fans club valaisan le congrès de l’UDC a élu le 5 mai 2012 Oskar Freysinger à sa vice-présidence. Après les élections fédérales des divergences étaient apparues dans l’UDC. Estimant que le parti ne devait pas aller plus loin dans la provocation, Yvan Perrin, son vice-président romand brigue un nouveau mandat. Oskar Freysinger le combat : « On attend de l’UDC qu’il soit le vilain garçon qui met le doigt dans les plaies, pour réveiller les consciences des partis gouvernementaux ». |
Yvan Perrin jette l’éponge, seul candidat à sa succession Oskar Freysinger est élu le 5 mai flanqué d’un second vice-président romand, l’apparatchik Claude-Alain Voiblet. Fringant, il se love avec délice dans ses nouvelles responsabilités : «?Jamais je ne deviendrai quelqu’un d’autre.»
Annoncée depuis quelques mois, la candidature d’Oskar Freysinger n’a pas suscité la moindre émotion. ACOR SOS Racisme a vainement tenté de stimuler une opposition à cette ambition. Aucune réaction à droite. A gauche, c’est consternant, on a pu entendre qu’il ne faut pas donner à penser que certains UDC seraient meilleurs que d’autres.
La promotion de ce roublard démagogue et menteur accentue la banalisation du racisme alors qu’il est urgent d’engager, y compris auprès des électeurs·trices de l’UDC, un vrai combat contre ce fléau !
L’homme qui dit l’islam incompatible avec la démocratie, la race blanche menacée, la guerre civile en marche serait donc à sa place à la direction du plus puissant parti bourgeois de Suisse ?
Les « Inrocks » ont perçu le danger
« Ce député populiste est pourtant l’une des voix les plus importantes dans le paysage politique suisse. Vice-président de l’Union démocratique du centre depuis mai 2012, Freysinger a infusé une ligne xénophobe à ce parti conservateur. […] Régulièrement de passage en France, Freysinger fait figure de modèle politique pour les mouvements islamophobes français tels que le Bloc identitaire ou Riposte laïque. Agé de 52 ans, cet ancien prof de littérature a acquis une dimension internationale en décembre 2009 en devenant l’homme du OUI au référendum suisse contre la construction de minarets, qui a rassemblé plus de 57 % des suffrages.» (lesinrocks.com 31.05.2012)
Arrêts sur image
Oskar Freysinger et l’antisémitisme «?Dieudonné pousse un peu loin le bouchon, mais au moins, nom d’un chien, il ose ! […] La personne qui est profondément convaincue que la Shoah n’a jamais eu lieu […] mais laissez-la dire ! Sinon il devient un martyr […] et on finit, peut-être, par susciter dans l’esprit de certains ah mais si on le met en prison, c’est que peut-être il y a quelque chose de vrai dans ce qu’il dit – même si personnellement je trouve ça complètement idiot et je vous le dis pour ne pas avoir des emmerdes.»
Selon le militant antisémite Alain Soral, Freysinger « a l’honnêteté de reconnaître que se déclarer sioniste était une obligation pour accéder aux médias en Occident, et pouvoir jouer un rôle politique de premier plan.»
Oskar Freysinger et l’islamophobie « La construction des minarets doit être interdite. En revanche il n’est pas raisonnable de vouloir interdire de planter un drapeau nazi dans son jardin.?» «Franchement, le Français moyen, il frôle les murs, il rase les murs et il baisse le regard, cet homme-là, né sur sol français, Français de souche, souchien comme on l’appelle, n’est-ce pas, dans certaines bouches, eh bien, il baisse le regard et il frôle les murs. Alors, ça, c’est une dhimmitude pour moi. C’est pas normal ». Non content de fricoter avec le gratin des islamophobes européens, les Geert Wilders, les Filip Dewinter, les Carl Lang, les Identitaires et Riposte laïque, Oskar Freysinger a rejoint le staff de Stop Islamization of Europe, le puissant lobby islamophobe étatsunien qui mène une violente campagne contre la Suisse, accusée d’accepter l’or musulman après avoir caché l‘or nazi.
Oskar Freysinger et le mensonge Contre la naturalisation facilitée, l’UDC affiche dans toute la Suisse des mains rapaces puisant les passeports que bradent les autorités. Freysinger exprime son credo : «?Un mensonge bien formulé vaut mieux qu’une vérité mal exprimée.?» Le 31 mai 2012, sur la 1re, le nouveau vice-président de l’UDC suisse affirme que «?Pour le milliard qu’on a payé aux pays de l’Est on n’a pas eu de référendum obligatoire.?» Ah l’effronté ! La Loi fédérale sur la coopération avec les Etats d’Europe de l’Est a été adoptée le 26 novembre 2006 à 53,4 % sur référendum par le peuple.
Oskar Freysinger et le racisme le plus gras Eric Stauffer fait campagne avec un dépliant des plus crades vues à Genève depuis longtemps. Allié à l’UDC, son mouvement singe son mentor : vêtu de l’orange de Guantanamo son Salamovitch S. est le répugnant personnage qu’Eric Stauffer promet d’éliminer. Qu’en pense Oskar Freysinger ? «?Le MCG d’Eric Stauffer a accepté notre convention. Quand la centralisation et l’étatisation de ce pays deviendront insupportables pour les partis centristes, ils comprendront peut-être que l’UDC est un allié plus intéressant que le PS. Ce dernier reste le parti socialiste le plus à gauche de toute l’Europe, avec des idéologues comme Levrat tout droit sortis de la cuisse de Marx.?»
Une véritable gauche universaliste, cosmopolite, internationaliste va-t-elle enfin entreprendre la lutte contre le racisme ?
Karl Grünberg
ACOR SOS Racisme