Les casseurs du Weissblock dévoilent leur projet de démolition antisocial!

Le projet de budget cantonal genevois présenté par un gouvernement dans lequel le PLR compte trois représentant·e·s a été renvoyé à l’expéditeur le 11 octobre, la suite s’annonce terrible.

 

 

Premier acte: une majorité de 54 député·e·s contre 38 a refusé toute entrée en matière, renvoi en commission, ou étude quelconque du projet de budget présenté par le gouvernement au Grand Conseil, ceci au motif que celui-ci était « de toute façon inacceptable » du fait du déficit prévu ascendant à 278 millions de francs.

 

     Ce « putsch budgétaire » sans précédent à Genève, annoncé par le PLR, a été orchestré par celui-ci, envers et contre ses compères « gouvernementaux » (PDC, Verts et PS), malgré le fait que le budget du Conseil d’Etat prévoyait des coupes dans le budget de quatre départements, alors que seul augmentait le budget de la « Sécurité ».

     Le Parti Libéral-Radical a pu réussir cette opération-commando en s’appuyant sur les supplétifs du PLR que sont les forces populistes d’extrême-droite, UDC et MCG. Chef d’orchestre de cette manœuvre, le libéral Pierre Weiss annonçant une volonté de diviser le déficit par deux, tout en attribuant plus de moyens à la sécurité et en «sabrant» dans les budgets de tous les autres départements.

 

Les incroyables exigences du PLR

Mais, selon l’excellente formule de l’éditorialiste du Courrier, après le putsch, on a eu cette semaine « le programme de la junte ». Lundi 5 octobre, l’état-major du PLR présentait en effet aux médias les exigences qu’il venait de soumettre au gouvernement cantonal.

     La mesure la plus symbolique de ce diktat libéral porte sur une multiplication par un facteur de près de 15 de la « taxe personnelle » de base payée par tous les contribuables du Canton de Genève. De 25 francs par contribuable, aujourd’hui cette poll tax genevoise serait portée à 365 francs, soit 1 franc par jour… ce qui pourrait rapporter une septantaine de millions.

     « Ce n’est pas cher payer comme droit d’entrée dans la collectivité» explique le Chef du Weissblock soi-même pour justifier ce « tarif minimum pour bénéficier des prestations de l’Etat», dans le collimateur évidemment ces salauds de pauvres, qui ont trouvé la bonne combine, en s’arrangeant pour gagner suffisamment peu d’argent pour échapper à l’impôt.

 

Pas touche au milliard des cadeaux fiscaux

Mais l’enthousiasme du PLR pour les augmentations de recettes s’arrêtera à cette explosion de la flat tax en question, visant à faire les poches aux pauvres. Toute idée de faire payer le moindre centime de plus aux riches est – évidemment ! – exclue par le parti des banquiers, des régisseurs et des spéculateurs…

     Ils n’entrent donc pas en matière, par exemple sur la suspension évoquée du bouclier fiscal ou sur l’augmentation de la valeur fiscale des immeubles… encore moins sur la moindre remise en cause du milliard par an (environ) de recettes pour le Canton, qu’ils ont transformé ces 15 ou 20 dernières années en cadeaux fiscaux pour les riches.

     Chapeau bas ! Les libéraux genevois ont bien compris ce que c’est que de défendre – sérieusement – des intérêts de classe… D’autant que tout ceci s’inscrit dans un contexte de baisse annoncée de la fiscalité des entreprises avec un taux d’imposition sur le bénéfice réduit à 13 %, appelé à laisser un trou supplémentaire, signé David Hiller, d’un demi milliard dans les finances du Canton.

 

Les fonctionnaires saignés…

Les autres mesures avancées aujourd’hui par le PLR restent dans le même esprit. Les salarié·e·s du secteur public devront naturellement – comme toujours – cracher au bassinet et se serrer la ceinture : notamment avec une annuité 2013 supprimée, comme aussi le pont de fin d’année… avec au passage un chantage renouvelé à la péjoration de la loi sur la fusion des caisses de pension de l’Etat.

     Les postes passent également à la moulinette, à travers le non remplacement d’un poste sur deux, alors qu’un grand nombre de services sont déjà en sous-effectifs et peinent à délivrer des prestations indispensables.

 

Les prestations publiques prétéritées

Dans cette situation, les tartuffes du PLR claironnent que leur plan n’entrainera aucune baisse des prestations de l’Etat, alors que 300 postes seraient supprimés dès 2013… Ce plan va bien au-delà de la division par deux du déficit annoncé il y a quelques semaines, puisqu’il dégagerait à terme 430 millions, 345 millions en 2013!

     Le PLR – bon prince – précise que ce premier plan « s’entend » sans quatre propositions « complémentaires » dont le total se monterait à terme à 400 millions environ… Parmi ces propositions audacieuses on a… une réduction linéaire supplémentaire du budget à hauteur de 60 millions, avec en prime une augmentation d’une heure ou deux par semaine du temps de travail des fonctionnaires, une augmentation de 2 élèves par classes et un report de réformes scolaires…

 

Résistance !

Bien entendu, que l’ensemble de ce « plan » ne sera sans doute pas mis en œuvre. Il a la fonction de déplacer le débat de trois crans de plus à droite et les libéraux joueront gagnant sur les deux tableaux, soit en réussissant avec l’extrême droite à faire passer de grands pans de ses mesures, soit en suscitant une coalition du « moindre mal » à laquelle, grands et généreux seigneurs, ils se rallieront peu ou prou… mais dont le programme reprendra de grands pans de ses mesures en (un peu) moins pire.

     Dans cette situation, il n’y a qu’une solution la résistance, syndicale et sociale, par une mobilisation syndicale dans le secteur public, par des manifestations massives des usagers des services publics et des bénéficiaires de prestations sociales, par voie de référendums dans les urnes… et par le retour, dans moins d’un an d’une gauche combative et antilibérale au Grand Conseil.

 

Pierre Vanek