Budget de la ville de Genève

Budget de la ville de Genève : Droite et extrême-droite veulent licencier pour dégager des dizaines de millions de boni

En septembre dernier, PLR, PDC, MCG et UDC, ont poussé des hauts cris face au premier projet de budget pour 2014 de la Ville de Genève déposé par le Conseil administratif. En effet, celui-ci présentait un déficit du budget de fonctionnement d’une vingtaine de millions de francs, peu de choses donc à l’échelle d’un budget municipal de plus d’un milliard.

 

C’était un budget relativement satisfaisant, avec le rétablissement d’un seuil d’investissement raisonnable à 130 millions, la création d’une cinquantaine de postes nécessaires et le maintien de prestations sociales et de services publics indispensables.

La droite a alors voulu renvoyer ledit budget à l’expéditeur, soit à l’Exécutif, plutôt que de le renvoyer en commission du parlement municipal pour y être étudié, examiné et le cas échéant amendé. Leur exigence était alors que le Conseil administratif revienne avec un budget de fonctionnement à l’équilibre, en ayant travaillé des ciseaux dans ce sens.

 

Une majorité de papier

 

Mais la majorité de droite, sur le papier, s’est alors avérée être, en effet, une majorité de papier seulement, puisqu’il ne s’est pas trouvé suffisamment d’élu·e·s sur ses bancs pour imposer leur mot d’ordre officiel. Ainsi, le budget est alors reparti en commission, comme si de rien n’était.

Les travaux en commissions diverses et spécialisées sur ce budget n’ont guère bouleversé les propositions du Conseil administratif et celui-ci est revenu, début novembre, avec un budget équilibré, dégageant un boni de quarante mille francs. Le secret de ce « miracle » budgétaire ? Une réévaluation (attendue) des recettes prévues par le Canton, ceci à hauteur de 13 millions, et un certain nombre d’autres « ajustements » et « arbitrages » relativement acratopèges et indolores.

On aurait pu penser que la droite se féliciterait de voir son exigence équilibriste exaucée. Ça aurait été mal les connaître. Il leur fallait un nouveau cheval de bataille, ainsi ont-ils improvisé l’exigence d’un autofinancement intégral des investissements dans l’année, sans emprunts, qui demanderait un budget de fonctionnement 2014 avec une cinquantaine de millions de francs de boni !

 

Un boni à 50 millions comme horizon…

 

Ainsi, armés d’un déficit fictif d’une cinquantaine de millions, nos virtuoses de la tronçonneuse ont pu s’en donner à cœur joie. Ce 13 novembre dernier en séance de commission des finances, ils ont donc proposé en une heure et « à l’arrache » une vingtaine d’amendements représentant potentiellement et au total plus de 30 millions de coupes dans le budget, allant du gel des annuités du personnel de la Ville et de la petite enfance, à la non régularisation d’EDS (personnes en prétendus « emplois de solidarité »), en passant par la suppression du samedi du vélo et des allocations pour enfants dues au personnel, pour ne citer que quelques exemples.

Au final, malgré la majorité de droite en commission et suite aux défections occasionnelles à droite qui ont émaillé ces votes en série, ce sont une demi-douzaine d’amendements qui ont passé la rampe. Ainsi la droite et l’extrême droite se retrouvent à la tête d’un portefeuille commun de coupes représentant 21 millions de francs d’un côté, mais avec de l’autre un véritable massacre, en matière d’emplois notamment. En effet outre une coupe linéaire de 6 % sur l’ensemble des rubriques de dépenses pour biens services ou marchandises (12 millions) et la suppression d’un fonds de formation du personnel (1 million), ce sont pour 7 millions environ, une cinquantaine d’employé·e·s qui voient leurs postes supprimés d’un trait de plume, avec des licenciements possibles à la clé.

 

…et 50 licenciements pour commencer

 

En fait c’est deux services qu’on raie ainsi intégralement de la carte : celui de l’Agenda 21 d’un côté, avec la dimension environnementale que comporte son activité, et celui des UAC. Ces Unités d’action communautaire (UAC) de la Ville de Genève déploient leurs équipes sur le terrain pour renforcer les liens sociaux et améliorer la qualité de vie et la convivialité dans les quartiers. Ceci en favorisant la participation de la population à la vie de quartier et en soutenant des initiatives locales des habitant·e·s. Elles accomplissent un rôle éminemment utile. Or le PLR Olivier Fiumelli avait déclaré à la Tribune il y a quelques jours qu’il n’avait «jamais vraiment compris ce que faisaient les UAC», ce qui explique ce coup de hache.

Or s’il fallait supprimer tous les services publics dont certains élu·e·s de droite n’ont «jamais bien compris» la mission, le rôle ou l’activité… il ne resterait pas grand-chose des prestations des collectivités au service de la population.

Mais, effrayé par son audace, le même Olivier Fiumelli, chef de file de toute la manœuvre, concède par ailleurs dans la presse que ces coupes visaient surtout à la veille du débat budgétaire à «instaurer un rapport de force et rappeler que les budgets sont votés par une nouvelle majorité…»

Parlant de rapport des forces, les syndicats du secteur, notamment, appellent naturellement à une manifestation de protestation devant l’Hôtel-de-Ville, ce lundi 25 novembre à 16 h 30. Le Conseil municipal tient en effet une séance supplémentaire ce jour-là.

Tous les défenseurs de l’emploi, du social, de l’écologie et du service public en Ville de Genève (et au-delà) sont bienvenu·e·s à ce rendez-vous important visant à «instaurer un rapport de forces» en effet nécessaire.

 

Pierre Vanek