Grand Conseil: la musique, c'est le silence entre les notes

Vendredi dernier, l’ordre du jour du parlement cantonal comportait un point d’hommage aux conseillères et conseillers d’Etat sortants. Chaque chef de groupe avait cinq minutes pour se livrer à l’exercice.

Pierre Vanek est intervenu, sur ce point, pour le groupe Ensemble à Gauche (EAG). Il a expliqué en une minute que comme représentant d’un parti d’opposition anti-gouvernemental, de résistance à la politique dominante de la droite et de l’extrême droite, une coalition qui a combattu l’activité du Conseil d’Etat sortant, considérant que c’était un gouvernement de casse écologique et sociale (comme d’ailleurs sans aucun doute le sera le nouveau Conseil d’Etat) il ne pouvait pas, de manière crédible, tenir des propos aimables à son sujet et que ce n’était d’ailleurs pas forcément son fort de jouer les tartuffes.

Ainsi, a-t-il poursuivi, comme l’urbanité veut qu’on ne dise que du bien de ceux et celles qui s’en vont (De mortuis, nil nisi bonum comme dit le proverbe) il était condamné au silence ! Or, il lui restait une minute, de silence donc, sur les deux qu’il avait prévu pour son intervention.

Après réflexion sur l’objet auquel on pouvait consacrer une telle minute de silence – a-t-il déclaré – il s’est résolu à la dédier à l’un des évènements les plus marquants sur la scène économique et sociale genevoise du « règne » des con-seil-lers·ères d’Etat sortants, soit aux plus de 1200 postes de travail supprimés à Merck Serono au printemps 2012 par une multinationale qui venait d’augmenter de 20 % son dividende ! Le plus gros licenciement collectif de l’histoire de Genève, pointant du doigt notamment la faiblesse de la protection des tra-vail-leurs·euses contre les licenciements dans ce pays et celle d’une politique économique cantonale se limitant pour l’essentiel à accorder des rabais fiscaux attirant multinationales et sociétés de négoce…

Une minute de silence en somme, ça ne faisait qu’une seconde pour méditer sur 20 postes supprimés. Le silence n’a pas eu lieu, la députation PLR l’a notamment troublé en sortant de la salle, de manière fort incivile, et le président a cru bon de tenter de confisquer sur le champ la parole – ou plutôt le silence – au représentant d’EAG… qui ne sait plus à quel saint se vouer : ça fait des lustres qu’on lui reproche de trop parler, et là c’est à son silence qu’on en veut.

TS