Droit de rester pour Fahmi!
Fahmi Kaçan, un infirmier kurde de 26 ans, a subi une procédure de renvoi immonde révélée et combattue par l’association Droit de rester Neuchâtel.
L’arrestation dans un hôpital en vue du renvoi choque d’autant plus que la victime est dans un état psychique manifestement minoré ou ignoré par les autorité administratives, sanitaires et politiques du canton de Neuchâtel. Ce nouveau drame est une illustration banale de la division des responsabilités dans un système qui nie l’humain pour appliquer aveuglément le système Dublin.
Fahmi Kaçan a fui deux fois son pays, la Turquie en 1994 et le Kurdistan d’Irak il y a deux ans. Voulant rejoindre sa famille neuchâteloise, il transite par la Bulgarie où il est incarcéré avec les prisonniers de droit commun, comme tout requérant.e d’asile arrivant dans ce pays. Aujourd’hui, le gouvernement neuchâtelois veut l’expulser en vertu des accords de Dublin.
Hospitalisé suite à une tentative de suicide lundi dernier, ce sont huit policiers qui viennent l’arrêter aux urgences mardi 28 juin. Déplacé à Préfargier où on lui avait promis des soins psychiatriques, il est transféré à 4 h du matin – soit après 16 heures de « traitement pour le tranquilliser en vue du renvoi » – vers Frambois. L’établissement de détention administrative décide l’hospitalisation immédiate aux HUG vu l’état grave de Fahmi.
Les autorités neuchâteloises ont fait preuve d’une légèreté tout à fait inexplicable faisant fi du pronostic vital en cas de récidive. La division et la dilution des responsabilités sont érigées en système contre Fahmi, contre sa famille, contre le droit aux soins d’urgence et contre les droits de la défense. Par le principe de délégation et de hiérarchie, la banalisation du mal est complète. Comble de l’ironie, les policiers s’érigent même en victime du système dont ils sont les bourreaux. Une administration de la justice et une application de la médecine qui minent les principes de droits fondamentaux pour la société dans son ensemble.
Dans l’immédiat, solidaritéS Neuchâtel appelle à l’annulation des décisions qui frappent Fahmi pour lui sauver la vie. Nous voulons aussi que le Conseil d’Etat annonce clairement que les hôpitaux sont des espaces sûrs dans lesquels tout un chacun peut se rendre en toute confiance sans risque d’être arrêté. Les conditions tant légales (notamment l’emprisonnement et le refoulement vers la Turquie) que sanitaires sont insuffisantes en Bulgarie et le Conseil fédéral doit interdire les renvois comme le suggèrent les informations fournies par le Comité d’Helsinki et Amnesty International.
Plus généralement, nous demandons l’arrêt des renvois et la dénonciation des accords de Dublin qui sont un blanc-seing pour détourner le devoir d’accueil et de solidarité internationale.
Dimitri Paratte