Le Pérou en marche contre la violence faite aux femmes

Après l’Argentine, le Brésil et le Mexique, des dizaines de milliers de manifestant·e·s ont défilé dans les rues du Pérou le 13 août dernier contre les violences sexuelles et physiques exercées à l’encontre des femmes


Rodrigo Paredes

A l’été 2015, le mouvement #Niunamenos [Pasunedemoins, réd.] se créait en Argentine, à la suite du féminicide de deux jeunes Argentines qui faisaient du tourisme en Equateur. Avec la diffusion des réseaux sociaux, il a été repris dans les pays limitrophes pour relancer une mobilisation qui ne faiblit pas depuis, comme en témoignent les manifestations qui se sont déroulées au Mexique, en Bolivie, en Colombie et en juin dernier au Brésil, dans un pays qui recense une moyenne de plus de cinq viols par heure.

Repris au Pérou après la médiatisation de deux jugements qui condamnaient à un an de prison avec sursis deux hommes reconnus coupables du tabassage de deux femmes, alors que la justice avait en main une vidéo de ces violences, le mouvement a rassemblé des manifestations dans une trentaine de villes du pays, dont 50 000 manifestant·e·s à Lima, pour réclamer une meilleure prise en compte des violences subies par les femmes, alors que sept Péruviennes sur dix indiquent avoir été victimes de coups, d’attouchements ou de viols.

Facteur de la réussite de ces mobilisations en facilitant la circulation de l’information, les réseaux sociaux semblent jouer également un rôle de plus en plus important pour briser les tabous et rendre compte de l’ampleur de ces violences, en favorisant la libération de la parole des victimes par le relatif anonymat offert par ces plates-formes.

Alors qu’en France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son (ex)compagnon et que la Suisse connaît une recrudescence des infractions de violences conjugales enregistrées par la police de 11 % entre 2014 et 2015, ces faits sont ici délaissés par le monde médiatique et politique, qui préfère soliloquer à la place des principales concernées sur les affres du «burkini» sur les plages ou dans les piscines publiques. Un exemple flagrant de la nécessité toujours présente pour les mouvements féministes de dicter leur propre agenda. AS