Genève: ADG-solidarités liste n°6: 50% femmes, 50% hommes, 100%… à gauche!

Genève: ADG-solidarités liste n°6: 50% femmes, 50% hommes, 100%… à gauche!

solidaritéS a accumulé à Genève une dizaine d’années d’expérience dans le champ parlementaire. Avec l’Alliance de Gauche, nous avons montré qu’il était possible de rassembler des forces d’origines diverses, à gauche du PS, et de mener des batailles au parlement et sur le terrain des initiatives et des référendums – articulées avec mouvements sociaux, syndicats et secteurs associatifs – pour donner des coups d’arrêt au rouleau compresseur néolibéral.


Sur le plan national aussi, nous avons joué un rôle, parfois décisif, dans des batailles importantes – qui ne se seraient parfois pas livrées sans nous – qu’on pense seulement aux deux référendums fédéraux contre la baisse des indemnités des chômeurs-euses en 1997 et contre la privatisation-libéralisation du secteur électrique, par la LME du «socialiste» Leuenberger, rejetée il y a un an… Avec l’ADG, nous avons pris l’initiative d’au-tres combats, non-couronnés de succès: par exemple le référendum lancé contre le démantèlement des PTT et la privatisation des télécoms. Mais les arguments avancés à l’époque, sur la dégradation du service public, les pertes d’emploi, les hausses de tarifs, les télécoms livrés à la spéculation multinationale, sonnent juste expérience faite. C’est une bataille dont nous pouvons encore aujourd’hui nous revendiquer avec fierté!



Au cours de ces différents combats contre le tout-au-marché, dans le cadre de mobilisations sociales contre la mondialisation capitaliste et ses hérauts, et contre la guerre et ses fauteurs, nous avons tissé des liens d’amitié et de collaboration avec différentes forces et militant-e-s au quatre coins du pays.

Pour une force d’opposition à Berne comme à Genève

Mais, sur le plan parlementaire national, par contre, nous n’avons pas réussi de «percée» analogue à celle de Genève. Certes, l’ADG genevoise a depuis 8 ans deux élu-e-s au Conseil national. Mais nous n’avons jamais pu y créer une fraction parlementaire – il faut 5 élu-e-s – à la gauche du PSS, qui serve de pôle de résistance visible à la droite et à ceux qui s’en accommodent. Or, en Suisse, existe le potentiel pour une telle force, mais le fractionnement cantonal, les barrières entre Latins et Alémaniques, des sectarismes divers, le «réalisme» de ceux qui se laissent phagocyter par la social-

démocratie ou les Verts, comme aussi paradoxalement les «facilités» de la «démocratie semi-directe» avec ses initiatives et référendums, ont fait obstacle à cette émergence.


En outre, les forces locales qui se présentent à gauche du PS, nous les premiers, ont par le passé abordé cette élection comme une série de rendez-vous cantonaux, sans perspective nationale réelle…


La conscience aiguë de cette situation a poussé solidaritéS à Genève à prendre son bâton de pèlerin et à initier contacts et échanges informels dans différentes régions de Suisse qui ont abouti à l’Appel «A gauche toute!» comme plate-forme fédératrice – élémentaire, mais claire – de différentes forces se réclamant d’une perspective de résistance sans compromis face aux offensives de la droite patronale… Nos lecteurs-trices ont pu prendre connaissance, dans notre dernier numéro, des 10 revendications conclusives de cet Appel national, comme de l’analyse de la situation sociale et politique brossé à grands traits dans son préambule.

«A gauche toute!» avec une, deux ou trois listes?

Nos candidat-e-s

Pierre VANEK Député, animateur des référendums contre la LME et «contre les cadeaux fiscaux aux riches…», resp. de ContrAtom, syndiqué FTMH


Nicole LAVANCHY Députée, formatrice à l’Institut d’Etudes sociales, syndicaliste SIT, membre du Comité «Lutter contre le chômage et pas contre les chômeurs-euses»


Rémy PAGANI Député, resp. syndical SSP/Vpod, membre du Comité «Droit des locataires»


Maryelle BUDRY Psychologue en orientation scolaire et professionnelle, membre du Collectif du 14 juin pour l’égalité…, membre de comités de défense du droit d’asile


Gilles GODINAT Médecin, pdt du «Forum Santé», membre du comité d’initiative «Pour une caisse-maladie unique et sociale», anc. député


GAILLARD Catherine Conseillère municipale en Ville de Genève, conteuse, pdte du Comité de Lestime pour la visibilité des lesbiennes et les droits des homosexuel-le-s


Bernard CLERC Assistant social, membre du comité d’ATTAC-Genève et du Comité de défense de la poste de la rue de la Ferme, anc. député


Maria CASARES Sociologue, engagée dans la Marche mondiale des femmes, militante altermondialiste


Romain KULL Bibliothécaire, Comité de Survivre aux Pâquis (SURVAP), engagé dans le mouvement anti-guerre et altermondialiste


Claire MARTENOT Enseignante au Cycle d’Orientation, syndicaliste au Syndicat des Services publics SSP/VPOD, déléguée caisse de retraite CIA


Cette orientation «nationale» nous l’avons définie et mise au centre de notre travail en direction des élections fédérales, avant même de commencer à raisonner sur la tactique locale, les formes de présentation, les candidatures… A Genève, notre position était simple, solidaritéS était favorable à une liste ADG unique pour le National, comme signal très lisible d’unité à gauche du PS, avec des candidatures de solidaritéS, du Parti du Travail et des Indépendants.


Nous espérions que – du côté du PdT – le bilan des municipales où en Ville de Genève le PdT est allé seul à l’élection, sans afficher son affiliation à l’ADG, avec un résultat qui a failli l’éliminer du Municipal faute du quorum à 7% – alors que dans l’ensemble l’ADG, tendances confondues, se maintenait à 19%, faisant jeu égal avec le PS – conduirait nos camarades du PdT à privilégier le signal unitaire donné par la liste commune.


Jusqu’en juillet, nous avons -avec beaucoup d’énergie et mais sans succès, tenté de convaincre nos camarades du PdT de cette liste unique…


Après débat interne, ils ont refusé cette solution et fait valoir que le sous-apparentement de plusieurs listes était conforme à ce qui se fait dans le Canton de Vaud, entre nos camarades du Collectif pour une Alliance socialiste-solidaritéS et le POP, sur la base de l’Appel national «A gauche toute!» qui se traduit aujourd’hui par des développements réjouissants: listes à Genève, Neuchâtel, Vaud, Argovie, Schaffhouse, Zurich et ce n’est qu’un début…


Notre AG de juin s’était prononcée – dans le cas du refus d’une liste commune – pour une formule à trois listes sous-apparentées: solidaritéS, PdT, Indépen-dants.


Face au refus catégorique des Indépendants d’envisager cette solution, nous avons entamé des discussions avec eux autour de l’hypothèse d’une liste ADG (solidaritéS-Indépendants), sans le Parti du Travail, selon le modèle du Conseil municipal de la Ville.


Ces discussions n’ont pas abouti. En effet, nos camarades Indépendants ont posé deux exigences problématiques: non-apparition à Genève de solidaritéS – durant la campagne – ni sous forme de tract romand, ni sous forme de journal à tirage accru sur les thèmes de la politique fédérale, et liberté pour le conseiller national sortant, notre camarade indépendant Christian Grobet – élu probable d’une liste commune – de siéger, comme maintenant, dans le cadre de la fraction du PSS, au cas où un groupe autonome ne serait pas formé faute de 5 élu-e-s.


En outre, Christian Grobet n’a pas voulu envisager un retrait de sa part du Conseil national à mi-législature, permettant une relève dans de bonnes conditions… (Du côté du PdT, si Jean Spielmann est reconduit à Berne, il laissera son siège après 2 ans à son co-listier le mieux élu.)


Ainsi, nous nous trouvons avec deux listes ADG sous-apparentées: dont une 100% solidaritéS, avec cinq militantes et cinq militants de valeur, mais malheureusement sans la locomotive électorale (ni l’expérience et la force de travail!) que représente Christian Grobet… Ceci constitue pour notre mouvement un défi considérable, mais aussi une opportunité d’apparaître clairement, dans le cadre unitaire de l’ADG et de notre appel national. A nous d’être à la hauteur!

Une alternative… à Christiane Brunner?

Pour ce qui est des Etats, le soutien à Christiane Brunner, présidente du PSS – comme il y a 4 ans sur notre liste avec Bernard Clerc ou il y a 8 ans avec Paolo Gilardi, était difficilement défendable. En effet, les positions de celle-ci sur des combats essentiels ont été étrangères aux idées que nous défendons. Par exemple: à propos du référendum en cours contre le paquet fiscal et les coupes budgétaires, de l’initiative populaire pour une caisse-maladie unique et sociale du MPF, mais aussi au sujet du combat contre la privatisation électrique et de la défense des services publics (LME), de notre refus de la dernière révision de la Loi sur le travail, du lancement du référendum avec l’ADC de la Chaux-de-Fonds contre la baisse des indemnités pour les chômeurs-euses, du refus du démantèlement des PTT et de la privatisation des télécoms combattus par un référendum initié par l’ADG, de notre défense conséquente du primat de l’AVS contre l’escroquerie du 2ème pilier, sans même parler des dénonciations honteuses, par Mme Brunner en janvier, de l’Alliance d’Olten, regroupant les organisateurs de la manifestation contre le WEF à Davos et de son acceptation du dispositif répressif protégeant Rumsfeld et consorts au détriment du droit de manifester…


En outre, nous privilégions l’axe «A gauche toute !» visant à constituer enfin un groupe parlementaire au National, qui ne mette pas au premier plan accommodements et compromis le programme néolibéral. Nous avons donc – dans le cadre de l’ADG – décidé de présenter en commun aux Etats deux candidatures: les têtes de liste de solidaritéS et celle du PdT.


A signaler que le PS – qui pousse des hauts cris et fait mine de découvrir que Mme Brunner est – à hauteur de 15 000 voix – aussi une élue… de l’ADG, ne nous a à aucun moment sollicité pour une discussion politique sur une candidature commune aux Etats – sur le bilan de législature de Mme Brunner, sur les bases politiques d’une telle candidature… ni a fortiori sur la personne du-de la candidat-e, le mieux à même de représenter réellement la gauche genevoise. Il a – a contrario – exigé au dernier moment un soutien inconditionnel et unilatéral – à sa «sénatrice-présidente» sous peine d’un refus de cet apparentement – que nous offrions sans conditions – pour les listes au National.


Dans cette affaire, les Verts genevois se sont contentés d’endosser la condition posée par le PS d’un soutien à Brunner… sans même évoquer leur propre candidat David Hiller.


Pour nous, la retraite anticipée – ou non – de Madame Brunner n’est pas de nature a changer le rapport de force aux Etats. Qu’il s’y retrouve 5 ou ien 6 élu-e-s PSS, ne changera rien de décisif dans une Chambre au mode d’élection peu démocratique et marquée à droite. Par contre, accepter clés-en-main la présidente du PSS, qui fait de sa réélection un plébiscite pour sa fonction, et s’interdire un vote alternatif clairement à gauche, au nom du «moindre mal» serait à nos yeux refuser d’indiquer le chemin à prendre vers cet «autre monde» dont le caractère nécessaire est chaque jour plus manifeste!

Pierre VANEK