Grève des maçon·ne·s

Grève des maçon·ne·s : Relever le gant de 1918

Après avoir déferlé sur plusieurs villes, la vague de mobilisations des maçon·ne·s s’est abattue lundi sur le quai d’Ouchy à Lausanne. 4000 maçon·ne·s ont averti le patronat: la bataille pourrait être rude.

Sous la tente installée place de la Navigation, les discours des syndicalistes suscitent l’enthousiasme des 4000 grévistes. «Les patrons sont au chaud tandis que nous, on se les gèle tous les jours», dit Alberto, jeune maçon de 25 ans, brandissant le drapeau de son syndicat, UNIA.

Le lendemain, la scène avait déménagé devant la gare centrale de Zurich. Ici, encore 4000 maçon·ne·s, dont 1500 vaudois·es, ont manifesté, trois jours avant la négociation du 9 novembre entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE).

Ces mobilisations visent à empêcher le démantèlement des droits des maçon·ne·s comme le voudrait la nouvelle Convention nationale proposée par le patronat. La SSE se montre intransigeante. Et accuse les syndicats «d’entraver le sauvetage de la retraite anticipée», oubliant au passage les contreparties délirantes qu’elle exige (voir solidaritéS nº 336).

Le rapport de force est là

L’ampleur de la mobilisation prouve que le rapport de force est en leur faveur. Les grandes manifestations à Genève, Fribourg, Neuchâtel, dans le Jura et en Valais, mais aussi au Tessin, à Zurich et à Berne montrent que la quantité est au rendez-vous.

Il faudra que la détermination des maçon·ne·s et de leurs syndicats perdure. Ce n’est pas le moment de renoncer aux grèves et aux manifestations pour passer à la table des négociations. Il est temps que le patronat suisse apprenne à négocier au rythme du slogan «patron t’es foutu, les maçons sont dans la rue»!

La gauche au rendez-vous?

Dans les semaines à venir, la lutte des maçon·ne·s ne doit pas rester isolée. Il est de notre devoir, comme toute gauche digne de ce nom, non seulement de les soutenir jusqu’au bout, mais de déployer toutes nos forces pour construire la solidarité. Le démantèlement de la convention d’un secteur si important ouvrira la porte à des attaques dans tous les secteurs.

L’atonie de l’USS (voir édito de ce numéro) ne doit pas nous servir d’alibi. Toute la gauche, ensemble avec les militant·e·s de terrain dans d’autres lieux de travail, doit œuvrer pour que la solidarité soit étendue en dehors des chantiers. À commencer par les secteurs qui ont lutté, manifesté et fait grève ces dernières années.

Daskalakis Dimitris


550 manifestant·e·s à Fribourg, 30 octobre 2018


400 maçon·ne·s à Sion, 30 octobre 2018


600 manifestant·e·s à Neuchâtel, 30 octobre 2018


4000 maçon·ne·s et solidaires à Lausanne, 5 novembre 2018