« Communisme de guerre »

Le dernier chapitre du livre de Malm porte un titre à première vue surprenant. Pourquoi va-t-il chercher des analogies et des réponses dans la Russie révolutionnaire de 1918 ?

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Dans ses écrits précédents, Malm s’interrogeait sur les limites des mouvements de contestation climatiques et de leurs actions. Dans son nouvel ouvrage, il examine quelques aspects des stratégies nécessaires pour combattre les émissions de gaz à effet de serre.

Faisant un parallèle avec la situation de la Russie, Malm s’appuie dans son analyse sur un article de Lénine de 1917 : « La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer ». A l’époque, la Russie est meurtrie par les conséquences d’une guerre qui dure depuis plus de 3 ans. Dans cette situation, la révolution, si elle n’avance pas, va régresser.

Le léninisme écologique comme boussole de principes

Du temps de Lénine, la social-­démocratie se fondait sur l’idée que nous avions le temps pour mener la transformation socialiste à son terme. L’urgence climatique montre aujourd’hui que « le temps n’est plus au gradualisme. »

« La course vers zéro devra être coordonnée à travers des mécanismes de contrôle … Que faudrait.il pour cela ? Une planification stricte et globale ». À l’évidence, Malm ne pense pas que des mécanismes de régulation ordinaires sont efficaces. Désormais, « le temps est venu d’expérimenter le léninisme écologique. »

« Il faudrait une guerre avec un autre but, fermer cette activité pour de bon. Cela commence par une nationalisation de toutes les entreprises privées qui extraient, transforment et distribuent des combustibles fossiles. » S’engager dans cette voie rend nécessaire la mobilisation de forces sociales conséquentes, comprenant en grande partie les salarié·e·s de ces secteurs afin de bloquer la machine et « transformer les crises des symptômes en crise des causes. »
Dans la première partie du livre, Malm revient en détail sur les différents mécanismes qui ont permis à des virus d’infecter des populations humaines. Le saccage des lieux de vie des chauves-souris et la réduction des zones barrière, conséquences de l’intensification de l’exploitation de ressources forestières et agricoles sont ainsi désignés comme responsables des pandémies passées, et à venir. La prévention de ces futures catastrophes sanitaires fait aussi partie de l’urgence climatique et justifie cette référence au « léninisme écologique ».

José Sanchez

andreas-malm-la-chauve-souris-et-le-capital-couvertureAndreas Malm, La chauve-souris et le capital. Stratégie pour l’urgence chronique, Editions La Fabrique, 2020