Brésil

Solidarité avec Carolina Iara

En pleine semaine de la visibilité trans, 3 attaques sont survenues contre des femmes noires, transgenres, et élues du PSOL à São Paulo. Parmi elles, Carolina Iara, intersexe et porteuse du VIH, a subi une tentative d’assassinat. Une enquête est exigée par son parti. 

Carolina Iara devant la statue du poète Luís Gama, São Paulo, 25 janvier 2021
Carolina Iara devant la statue du poète Luís Gama, São Paulo, 25 janvier 2021

Depuis une voiture blanche, des individus ont tiré en tout cas à deux reprises sur la maison de Carolina Iara, avec l’intention claire de la tuer. Depuis, elle a été contrainte de déménager et est escortée en permanence par une équipe de sécurité engagée par le PSOL, car les pouvoirs publics n’ont rien fait pour assurer sa protection. La police enquête uniquement sur l’existence d’un lien entre les trois attaques. Entretemps, un appel a été lancé par 80 composantes du syndicat Conlutas et une plateforme intitulée « Nous ne serons pas interrompues ! » a été ouverte par l’Institut Marielle Franco, pour exiger qu’une enquête soit menée et que Carolina Iara soit placée sous la protection de l’Etat.   

Quelques heures avant les faits, Erika Hilton, la femme la mieux élue de São Paulo, se fait suivre jusqu’à son bureau et menacer par un homme portant une croix dans la main. Cinq jours plus tard, Samara Sosthenes voit un homme en moto tirer en l’air devant sa maison, et déménage aussitôt.  Ces attaques ont pour cible des femmes trans, noires et issues des couches les plus pauvres : des symboles forts des luttes qu’elles portent comme élues au conseil municipal. 

Normalisation des violences racistes et LGBTIQphobes

Ces crimes politiques ne sont pas nouveaux, mais ils se déploient dans la plus grande normalité depuis l’élection de Jair Bolsonaro. Après l’assassinat de Marielle Franco, de Netinho, ou l’exil de Jean Wyllys, c’est au tour de Carolina Iara de subir les effets de la persécution et de la répression des militant·e·x·s de gauche menées par le président et ses adeptes. Heureusement, Carolina et sa famille ont survécu, mais ce crime ne doit pas rester impuni. Il s’agit d’une tentative claire de faire taire les voix qui se lèvent contre la politique réactionnaire de Bolsonaro, pour des droits démocratiques et la fin des discriminations dans l’un des pays les plus inégalitaires du monde, et encore très marqué par l’héritage colonial. 

Une attaque ciblée 

Cette attaque nous montre le sort destiné aux personnes qui, comme Carolina, par leur simple existence, osent défier les sphères de pouvoir dont elles sont systématiquement exclues. Surtout, elle doit nous rappeler l’importance de lutter pour que, partout dans le monde, les corps comme celui de Carolina Iara continuent d’occuper les rues comme les parlements sans craindre pour leurs vies. Ils ont essayé d’étouffer sa voix dans le sang, mais ils n’ont pas réussi ! Nous témoignons toute notre solidarité à Carolina Iara, ainsi qu’à tous·te·x·s les camarades qui luttent au quotidien pour le droit à la vie, et nous exigeons que justice soit faite ! 

Gabriella Lima