NON aux lois contre l'asile et les étrangers!

NON aux lois contre l’asile et les étrangers!

La majorité blochérienne, de l’UDC… des radicaux et du PDC, a adopté en décembre à Berne une nouvelle loi sur – ou plutôt contre – les étrangers et une révision de la loi «sur l’asile», ou plutôt contre le droit d’asile.

Dans la logique de l’Europe «forteresse», la loi sur les étrangers (LEtr) ferme l’accès légal à notre pays aux non-ressortissant-e-s de l’UE, à l’exception des happy few , les «investisseurs et chefs d’entreprise», les cadres de multinationales, les brasseurs d’affaires «de grande portée économique» et quelques travailleurs ultra-qualifiés dont le patronat helvétique ne saurait se passer.

Pour les autres, l’immigration passe par la clandestinité, la marginalisation et la privation de droits, en violation de l’article constitutionnel sur l’égalité qui affirme que « Nul ne doit subir de discrimination du fait de son origine …»

La LEtr fait barrage au regroupement familial, supprime le droit à l’obtention du permis C après 10 ans de résidence, interdit la régularisation des sans-papiers… et au contraire, comme la LAsi, est une machine à fabriquer des sans-papiers. Elle ne s’attaque pas à l’immigration, il faudrait pour cela un «rideau de fer» bis, mais aux droits des immigré-e-s.

Elle s’inscrit dans le droit fil du racisme d’Etat qui, depuis les années trente, inspire la politique migratoire suisse, au nom du refus de la «surpopulation étrangère», en visant à lui donner, pour la première, fois la «légitimité» d’une base «légale»

Dans ce sens, la politique blochérienne de l’UDC et des partis qui lui emboîtent le pas est réactionnaire. Mais, loin d’être un alleingang rétrograde, elle est aussi à l’avant-garde des politiques xénophobes européennes, que Sarkozy, en France, vient de matérialiser dans un projet de loi qui durcit la politique d’immigration et nie les droits de la personne… en limitant la régularisation des sans-papiers, le regroupement familial et en visant à «choisir» cyniquement les immigrés légaux dont la France d’en haut tirera profit.

La LAsi constitue, quant à elle, une négation ouverte du droit d’asile ou de ses restes: elle refuse d’office ce droit aux réfugié-e-s qui ne pourraient pas présenter des papiers «en règle»… elle ouvre aussi la voie aux renvois vers des pays tiers prétendus «sûrs», en violation du droit international. Les camps que l’UE prépare en Lybie pour ses refoulés auront aussi la Suisse de Blocher comme «fournisseur».

Ces lois constituent un nouveau «protocole d’expérience» pour le laboratoire néolibéral et ses visées répressives et antisociales. A travers l’arsenal de mesures de contraintes prévues, on avance d’un cran dans l’expérimentation à large échelle de l’arbitraire répressif et autoritaire, au détriment des droits fondamentaux de toutes et de tous. A travers la négation du droit élémentaire au minimum d’aide social pour les requérants déboutés, c’est les principes mêmes des droits économiques et sociaux de chacun-e qu’on subvertit. A travers la «mise sur le marché» volontaire de travailleurs clandestins et sans-droits, c’est le primat de la concurrence entre travailleurs-euses et du dumping salarial qu’on fait passer devant les acquis syndicaux et sociaux.

Ainsi, si solidaritéS a – dès le début de leur parcours législatif – appelé à rejeter ces deux lois et à construire un large front référendaire, ce n’est pas seulement au nom de principes humanistes ou humanitaires, éminemment respectables au demeurant, ou d’une solidarité idéaliste envers étrangers-ères ou réfugié-e-s C’est aussi parce que ces lois, en s’attaquant aux étrangers et à l’asile, s’attaquent directement à chacun-e d’entre-nous, travailleur-euse, retraité-e, jeune en formation… aussi rouge que soit notre passeport. L’un de enjeux majeurs, de la campagne référendaire sera de faire passer, à contre-courant, ce message.

A contre courant du néolibéralisme dominant, il importe aussi de mettre en avant un autre modèle, un autre projet, fondé sur des droits réels pour toutes/tous. C’est parce qu’elle représentait une avancée des droits de nombreux travailleurs-euses que nous avons soutenu la «libre circulation» qui a passé le cap des urnes en septembre dernier. Mais au-delà nous défendons une politique migratoire fondée sur un réel droit à la libre circulation des personnes et au libre établissement. Contre le dumping salarial, notre réponse doit notamment être la lutte pour un salaire minimum légal et non une «préférence nationale» illusoire qui divise les travailleurs-euses. Au chapitre de l’égalité aussi, notre pays s’est doté d’une loi sur l’égalité entre femmes et hommes dont nous exigeons la mise en œuvre concrète depuis 10 ans. Mais ne faut-il pas aussi, sur le même modèle, une loi sur l’égalité concrétisant les dispositions du même art. 8 de la Constitution fédérale qui interdit la discrimination du fait de l’origine, de la race, de la langue…

Jean-Michel DOLIVO
Marie-Eve TEJEDOR
Marianne EBEL
Pierre VANEK