Swissmetal: la solidarité au défi de la médiation

Swissmetal: la solidarité au défi de la médiation

Scénario à haut risque que celui de la médiation mise en place à la suite de la lutte des travailleurs et travailleuses de Swissmetal à Reconviliers («la Boillat»). Visiblement, la direction joue la carte de l’enlisement et multiplie les provocations. Après les 112 licenciements du 23 mars, elle refuse de vendre et nomme au conseil d’administration Dietrich Twietmeyer, patron de l’usine allemande Bush-Jaeger acquise en février. C’est dire l’importance prise par la manifestation nationale de soutien organisée ce samedi 8 avril à Berne (dès 13 heures, à la Schützenmatte) dont l’ampleur sera un élément important du bras de fer engagé. Nous publions ci-dessous de larges extraits de l’appel à la manifestation ainsi qu’un entretien avec l’un des travailleurs participant à la médiation.

Profitant de la venue à Genève, au Bistrok du squat Rhino, le 29 mars, d’une délégation de salariés de la Boillat, nous nous sommes entretenus avec Pierre-Yves Emery, vice-président de la commission des employés, membre de la commission de médiation et licencié par Swissmetal.

Quel est votre état d’esprit, après une bataille qui dure maintenant depuis deux mois, concernant cette médiation, présidée par le «roi du chocolat» Bloch, nommé par le conseiller fédéral Deiss?

C’était la seule façon de discuter avec la direction. On a fait des concessions, mais la direction n’a jamais voulu reculer. Bloch a dit qu’il n’était pas un arbitre, mais un médiateur. Ce qu’il nous faut, c’est un arbitre. La direction dit toujours non! Leur tactique est de dire que leur stratégie industrielle ne se négocie pas! On a fait une grève, on n’a rien gagné!

Cette «médiation», c’est de la poudre de perlimpinpin, mais si on l’avait refusée, on nous l’aurait reproché. Maintenant, avec ces licenciements, ils cherchent à nous mettre en grève pour fermer sans plan social, sans dédites, etc.

De quelle manière le syndicat vous soutient-il?

Ce n’est pas eux qui nous ont dit de faire grève pour se faire de la pub, il faut arrêter cette chasse aux sorcières! On s’est mis en grève et on leur a téléphoné! La seule erreur que l’on peut leur reprocher, c’est que lorsqu’on a voulu poursuivre la grève, ils ne nous ont pas soutenus; nos rapports auraient dû être plus clairs dès le départ. Mais sinon, ils nous ont versé des indemnités de grève, ils ont un service juridique qui fonctionne, ils sont bons en médiation. Ils ont fait des erreurs, mais en se battant contre UNIA, on fait le jeu de Swissmetal qui cherche à démolir UNIA. Ils cherchent avec les autres patrons à démolir les Conventions de travail.

Où en est maintenant votre lutte après 37 jours de grève?

Quand on a repris notre grève, cette fois on a dit on va jusqu’au bout! On se fait racheter ou on ferme. Comment croire a une «médiation», pilotée par un industriel, le roi du chocolat régional, alors que l’on vous annonce 112 licenciements? Des gens comme moi qui parlent un peu trop ont été éjectés. Ensuite, ils ont tapé à Reconvilliers, à Tavannes, les gens le plus près de l’usine, des gens qui ont vingt ans d’usine, des pères de famille, etc. Ils licencient pour faire mal, puisqu’ils ne peuvent pas fermer l’usine! C’est des tueurs, c’est des tueurs! Les financiers ont peur de nous, ils craignent notre exemple.

Qu’attendez-vous de la manif du 8 avril à Berne?

On aimerait mobiliser la Suisse alémanique. Peut-être que les politiques céderont si on rallie un pays contre ces financiers.

Entretien réalisé par Daniel KÜNZI


La Boillat vivra!

Voici maintenant plus de deux mois, reprenait l’un des plus graves conflits du travail que la Suisse ait jamais connu: la Boillat, usine de Reconvilier (BE) du groupe Swissmetal, se remettait en grève. Depuis, le désespoir et l’espoir ont alterné, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, mais la Boillat est toujours là. Et elle a besoin de vous. (…)

Pour que la Boillat cesse, contre le gré de ses travailleurs, ses activités normales, la direction a procédé à des licenciements massifs, alors que le carnet de commandes est plein, et refuse de servir certains clients, pourtant importants et honnêtes.

Dans quel but empêcher la Boillat de continuer à produire? Martin Hellweg a déjà utilisé par le passé sa stratégie consistant à affaiblir une entreprise pour la revendre à bas prix et recevoir une juteuse commission pour son «travail». C’est le destin qui attend tout Swissmetal si nous le laissons faire: être vendu dans un état déplorable.

C’est pourquoi les travailleurs de la Boillat se sont levés contre ce patron qui n’en est pas un. Un patron protège les intérêts de son entreprise, et Martin Hellweg veut tuer la sienne! Les autorités ne font rien, car la loi, soi-disant, l’y autorise! Nous vous demandons de venir manifester avec nous pour libérer la Boillat des griffes de la direction de Swissmetal, et permettre à cette usine de continuer à donner du travail à ceux qui ne demandent rien d’autre.

Le démantèlement de la Boillat ne répond à aucun impératif industriel. Il est une injustice grave et une absurdité. Un tel cas peut se produire dans d’autres entreprises en Suisse, et c’est pourquoi nous devons dire «stop» sans attendre!

Nous demandons au Conseil fédéral de mettre fin à la destruction de richesse perpétrée par Swissmetal, et nous lui demandons d’agir enfin pour que la Boillat puisse quitter Swissmetal.