Pour le peuple palestinien: toutes et tous à Marseille
Pour le peuple palestinien: toutes et tous à Marseille
Nous nous sommes entretenus avec Christian Chantegrel, lun des initiateurs/trices de la Marche Internationale du 28 septembre à Marseille. Il venait juste de revenir dune mission dobservation et de protection en Palestine. Le 30 septembre dernier, une forte délégation marseillaise était avec nous à Genève pour manifester «Contre la terreur mondialisée, Pour la justice globale». Un an plus tard, nous serons à leurs côtés à Marseille pour marcher «Contre loccupation et la terreur des autorités israéliennes, Pour la justice en Palestine».
Manifestation internationale9h-10h30 – Rassemblement
Pour s´y rendre :
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Quels sont les objectifs de la Marche du 28 septembre? Pourquoi avoir décidé de convoquer cette mobilisation internationale à Marseille? Quen attendez-vous?
Au mépris des lois et conventions internationales, lEtat israélien sautorise tout pour tenter de réduire le peuple palestinien. Cest bien plus quune occupation coloniale. Une telle situation ne devrait être tolérée sous aucun prétexte, en aucun lieu de la planète. Or, apparemment considéré comme au-dessus des lois, Israël bénéficie dune impunité totale, du soutien explicite ou du silence complice des gouvernements et des instances internationales.
Dans ces conditions, nous pensons que la société civile doit se manifester et pousser les gouvernements à agir ou bien à se démasquer. Cest ce que nous faisons lorsque nous partons en Palestine pour des missions dobservation et de protection, lorsque nous tentons de diffuser linformation sur la réalité du terrain, de même lorsque nous organisons un rassemblement international.
Lobjectif premier de la marche est bien sûr la solidarité avec le peuple palestinien qui résiste seul et démuni contre une armée doccupation surarmée et soutenue par dimportants moyens politiques, financiers et médiatiques. Cette marche veut aussi être lexpression du soutien nécessaire aux mouvements pacifistes israéliens. Enfin, elle vise à développer la mobilisation autour du boycott des produits israéliens.
Cest à Marseille, au «Quai Carmel», quarrivent par bateau 80% des exportations israéliennes en Europe et le boycott de ces produits est lun des grands thèmes de la manifestation (qui partira de ce quai). Marseille est un symbole des échanges entre Méditerranée et Europe et nous semble constituer un lieu privilégié pour mobiliser les pays de la région contre lapartheid et la colonisation. Mais enfin, le lieu nest pas primordial. En février nous étions à Bruxelles, en septembre 2001 à Genève. La prochaine fois nous serons à Rome ou à Berlin… Limportant est de montrer que, partout, les citoyens se mobilisent et nhésitent pas à se déplacer lorsquil sagit de défendre le droit et la dignité humaine.
Dans le contexte mondial actuel, cette marche de solidarité doit enfin être un refus massif de la globalisation libérale. Il sagit de sopposer à loffensive générale menée au niveau planétaire, et en particulier aux guerres made in USA.
La marche se veut internationale non seulement pour montrer la solidarité de tous les pays avec la Palestine, mais aussi pour affirmer lunion de tous les peuples qui ont finalement une même aspiration, vivre en paix et décemment. Nous pensons que les Argentins saignés par le FMI, les Brésiliens sans terre, les chômeurs européens, les Afghans tombés sous les bombes et tant dautres sont, comme les Palestiniens, victimes dun système qui ne fonctionne plus que par la guerre et la destruction. Nous pensons quun autre monde est possible, mais pour le construire, la population mondiale doit être unie et solidaire.
Qui est à lorigine de cette initiative? Quelles sont les forces qui la soutiennent aujourdhui?
Le Collectif pour le respect des droits du peuple palestinien de Marseille est à lorigine de cette manifestation. La liste provisoire des groupes, associations, partis, syndicats qui appellent à y participer est longue. Elle compte près dune centaine de signatures et nous en recevons chaque jour de nouvelles. Par ailleurs, une liste de personnalités sera bientôt rendue publique.
Dans les grandes lignes, au niveau local, elle regroupe lensemble des collectifs et comités pour la Palestine, de très nombreux partis syndicats et associations (PCF, Verts, Sud, ATTAC, TC, LDH, MRAP, etc.). Au niveau national, pour le moment, la LCR, lAssociation France Palestine Solidarité – AFPS, lAssociation Franco-Palestinienne dEchanges Culturels AFPEC et de nombreuses autres associations, notamment de limmmigration. Au plan international, plusieurs dizaines dassociations, en particulier arabes (Algérie, Egypte, Liban, Maroc, Palestine, etc.) et israéliennes (dont lAIC de Jérusalem), mais aussi européennes (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, etc.). En Suisse, pour le moment, lAide Sanitaire Suisse aux Palestiniens – ASSP, les Collectifs Urgence Palestine de Genève et Lausanne, lObservatoire International des Affaires de la Palestine (OIAP), le Palestina-Komitee Basel (Suisse), Solidarités Geneve et SoAL/Solidarität Basel nous ont apporté leur soutien.
Tu viens de revenir de Palestine. Quest-ce qui ta le plus frappé dans lévolution récente du conflit? Quelles sont à tes yeux les priorités du mouvement de solidarité internationale?
La situation empire chaque jour. Loccupation est totale, mais bien pire quavant les accords dOslo, puisquil sagit dune occupation militaire sans administration civile (toujours censée être assurée par une Autorité démantelée). Comment alors assurer la vie et même la survie des populations? Les gens nous ont parus vraiment à bout. Quels moyens ont-ils pour résister? Le quotidien est une gageure. Tous ces actes qui nous semblent si anodins, acheter son pain et son journal, aller au bureau, à lécole, envoyer une carte postale, rendre visite à un ami dans le village voisin, voire dans la maison voisine. Tous ces actes sont rendus périlleux, impossibles, dans ce contexte de couvre-feu permanent, de barrages militaires, doccupation.
Nous revenons de Palestine avec un sentiment dinjustice terrible, indicible, mais aussi avec la certitude quil faut faire quelque chose. Et il est possible dagir, chacun-e à son niveau. Cest là que la mobilisation internationale est fondamentale. Dune part, il faut amplifier lenvoi de missions civiles dobservation et de protection. Les Palestiniens se sentent, à raison, abandonnés du monde, ils ont besoin de cette expression de solidarité. La présence dinternationaux semble être aussi un léger frein aux exactions de larmée israélienne. De plus, on revient de là-bas avec une détermination renouvelée, mais aussi des témoignages précieux. Il est donc important que ce mouvement samplifie. Enfin, dans nos pays, il faut agir par tous les moyens et à tous les niveaux:
- pallier la désinformation, décrire la situation et tous les actes commis par larmée israélienne;
- lancer un message clair à nos gouvernants, exigeant quils imposent le respect du droit international (et quils se plient eux-mêmes à leur propre législation, comme lobligation de suspendre tout accord avec un pays ne respectant pas les droits humains).
- faire pression directement sur le gouvernement israélien en boycottant les produits israéliens et les entreprises qui soutiennent financièrement lEtat sioniste.
Christian, comment te présenterais-tu à nos lecteurs/trices?
Je suis un simple citoyen qui, en mission dobservation en Palestine, a pu voir lhorreur que peut produire le colonialisme mais aussi la force de résistance que donnent le droit et la dignité. Cest pour cela que je participe à cette lutte, et aussi parce que jadhère à lidée de Chomsky: «soit un autre monde est possible, soit il ny aura plus de monde du tout».