Honduras: chronique du "porfiriato"

Honduras: chronique du « porfiriato »

Dans une lettre au secrétaire général de
l’Organisation des Etats américains (OEA), José
Miguel Insulza (www.rebelion.org, 9.4.2010) – avec copies au
secrétaire général de l’ONU, aux
présidents de l’Union européenne, des Parlement
centroaméricain et européen, ainsi qu’à tous
les présidents des pays du continent américain – le
Front national de résistance populaire (FNRP) dresse un bilan
accablant de la situation au Honduras.

Le FNRP dénonce notamment :

• La criminalisation des protestations sociales : ainsi, 11
membres du Syndicat des travailleurs de l’Université
nationale autonome du Honduras ont été inculpés de
sédition et de contrainte, pour avoir mené une
grève contre la déréglementation à
l’Université.

• Les assassinats politiques : « Nous avions
dénoncé les connections entre paramilitaires colombiens
et des individus comme Billy Joya Almendola [NdR : responsable
des « Escadrons de la mort » dans les
années 1980] pour assassiner des dirigeants du mouvement social
au Honduras. Le dernier cas connu se produisit le 23 mars avec
l’assassinat de l’enseignant José Manuel Flores,
criblé de balles sur son lieu de travail et connu comme militant
actif du FNRP. Depuis le coup d’Etat, une centaine de personnes
ont été assassinées pour raisons
politiques. » Parmi les personnes menacées,
l’ex-directrice du Département
« Livres » au secrétariat à la
culture, Rebecca Becerra Lanza. Son frère, Eduardo Lanza
Becerra, arrêté le 1er août 1982, est toujours
disparu.

• Les forces armées harcèlent les mouvements
paysans, notamment dans la vallée de l’Aguan : une
opération de ratissage (dénoncée par le FNRP et
« Via Campesina ») y est actuellement en cours,
selon les méthodes de
« contre-insurrection » auxquelles les
académies militaires US ont formé les militaires
honduriens. A ce jour, trois militants du mouvement paysan –
José Antonio Cardozo et José Arias, le 17 mars, et Miguel
Alonso Oliva, le 2 avril – ont été
assassinés.

La «démocratie de très basse
intensité» est de retour au Honduras. Les instances
internationales et les pays (dont la Suisse) ayant reconnu le
gouvernement actuel ne pourront pas prétendre en  ignorer
la nature répressive.


Hans-Peter Renk

* Porfiriato : désignant la dictature de Porfirio Diaz,
au Mexique (1876-1911), le terme est approprié, vu
l’homonymie entre l’actuel président hondurien et
son lointain homologue mexicain.