Salaire minimum: le peuple votera

Salaire minimum: le peuple votera



Ce fut long et tortueux, nous
n’avons pas obtenu tout ce que nous voulions, mais au bout du
compte, le Grand Conseil neuchâtelois a accepté par 55
voix contre 50 le décret Marianne Ebel (amendé), qui
demande l’inscription dans la Constitution cantonale du principe
d’un salaire minimum. Toute modification de la Constitution
nécessitant un vote populaire, le peuple sera donc appelé
à se prononcer sur le salaire minimum cantonal ces prochains
temps.

Il aura fallu plus de trois ans avant que le Grand Conseil puisse se
prononcer sur une proposition déposée par Marianne Ebel
pour inscrire le principe du salaire minimum dans la Constitution
neuchâteloise. Farouchement opposée à cette
proposition, la droite a tout tenté : convaincre
qu’il s’agissait d’une fausse bonne idée
entraînant de fait des baisses salariales, invoquer
l’exemple du Jura qui a inscrit ce principe dans sa Constitution
sans jamais l’appliquer ni promulguer de loi, prétendre
que c’est contraire à la Constitution
fédérale, etc. Profitant des résistances,
oppositions et recours dans les cantons de Genève et Vaud, la
commission législative a ensuite suspendu ses travaux dans
l’attente d’une décision du Tribunal
fédéral (TF). Pur prétexte, puisque c’est
finalement avec un préavis majoritairement négatif
qu’elle a adressé au début de cette année
son rapport au Grand Conseil, malgré les décisions
positives du TF et de la Cour constitutionnelle vaudoise.

Contrariée par le vote positif de la majorité du Grand
Conseil – qui a suivi en première lecture les
recommandations d’une gauche unie pour la circonstance –,
la droite du parlement a, dans un deuxième temps, utilisé
tous les moyens de pression imaginables pour qu’en seconde
lecture, le Grand Conseil revienne sur sa décision
d’inscrire le salaire minimum comme droit fondamental dans la
Constitution.

Un recul dommageable

Face au chantage de la droite (qui de toute façon restait
opposée à toute inscription de ce principe dans la
Constitution), le PS a cédé et a imposé au reste
de la gauche une solution affaiblie : le principe
constitutionnel du salaire minimum a pris place dans la Constitution au
chapitre « Buts et mandats sociaux ».

    Conséquence : le principe du salaire
minimum, même s’il est confirmé par le vote
populaire, ne pourra pas être invoqué par des 
travailleurs pauvres (working poor) pour s’opposer aux scandaleux
salaires qui ne leur permettent pas de boucler les fins de mois
même en travaillant à plein temps. Il faudra, pour cela,
qu’ils attendent l’élaboration d’une loi, que
tout le monde estime difficile à mettre sur pied en
l’absence d’une norme fédérale contraignante.

    Si, comme l’avait demandé PopVertsSol,
le principe du salaire minimum avait été inscrit dans le
chapitre premier « Droits fondamentaux »,
à l’article 26 al. 3 et 4 de la Constitution, sous le
titre « Liberté économique »,
le Grand Conseil aurait forgé un outil directement applicable
pour qui voudrait invoquer ce droit devant un tribunal parce que son
salaire (compté à plein temps) ne lui garantit pas des
conditions de vie décentes.

    Une couleuvre difficile à avaler pour celles
et ceux qui s’engagent sérieusement pour les droits des
salarié·e·s les plus durement exploités.
Mais le travail patient des député·e·s de
solidaritéS  a porté ses fruits et
l’essentiel, sans doute, reste sauf : le vote populaire
aura lieu. Reste à se préparer à la votation pour
le salaire minimum. Ce vote, nous pouvons le gagner, mais la campagne
s’annonce rude.

Marianne Ebel


FC Xamax: un rachat controversé

En mai 2011, le club de football Neuchâtel Xamax a
été racheté par Bulat Chagaev, homme
d’affaires tchétchène ayant pignon sur rue à
Genève et proche du régime de Razman Kadyrov (mis en
place par la Russie après ­­plusieurs années de
guerre). Les méthodes brutales du nouvel acquéreur et la
nature opaque de sa fortune – il dit ne pas faire la
différence entre argent propre et sale – sont
fortement discutées, comme le montrent plusieurs articles de la
presse romande (L’Express, Le Matin, Le Temps).

Le 6 juin, lors d’un débat au Conseil
général (législatif) de la ville de
Neuchâtel, Hélène Silberstein
(solidaritéS-NE) a exprimé l’inquiétude et
l’indignation du groupe PopVertsSol sur les conditions dans
lesquelles s’est opéré le rachat du FC Xamax. Elle
a demandé que l’exécutif communal
« cesse avec effet immédiat toute relation avec le
propriétaire de ce club… Notre commune n’est pas
à vendre, la logique du tiroir-caisse ne peut guider nos choix,
qui relèvent de l’intérêt
public ».

HPR


Droit à l’éducation pour les jeunes sans statut légal

A la suite d’un vif débat contre l’UDC, c’est
finalement par 72 voix contre 18, que le Grand Conseil
neuchâtelois a accepté la motion de Marianne Ebel
déposée en décembre 2009, qui demande au Conseil
d’Etat d’« examiner comment il peut rendre
accessibles les places d’apprentissage aux jeunes et jeunes
adultes sans papiers ». A suivre de près.