Syrie

Syrie : Intervention militaire impérialiste russe pour sauver le régime Assad

L’engagement militaire de la Russie aux côtés du régime Assad a atteint un nouveau niveau le 30 septembre, avec les premiers bombardements de l’aviation russe en Syrie. De plus, des centaines de soldats iraniens sont arrivés en Syrie le 21 septembre pour rejoindre les forces d’Assad et leurs alliés du Hezbollah libanais dans une offensive terrestre majeure à venir, soutenue par les frappes russes.

Les opérations militaires  ont d’ailleurs commencé avec pour but de récupérer les territoires perdus par le régime Assad au profit de diverses forces de l’opposition dans la région d’Idlib et la campagne de Hama.

La propagande de l’Etat russe autour de la « guerre contre le terrorisme » n’est qu’un prétexte au soutien politique et militaire au régime Assad, pour écraser toute forme d’opposition. D’ailleurs, selon diverses sources militaires, plus de 90 % des bombardements n’ont pas frappé l’Etat Islamique ou Al Qaida,. La plupart des cibles sont des civils et des factions de l’Armée Syrienne de Libération (ASL). Plus de 60 000 civils ont déjà du fuir leurs régions du fait des bombardements russes. Ceux-ci ont même profité, à certains endroits, à l’Etat Islamique. Celui-ci a en effet pris position le 10 octobre à la lisière d’Alep, grâce à une percée éclair contre des factions de l’ASL déboussolées par les frappes russes les visant principalement.

Les objectifs des bombardements russes sont clairs : sauver et consolider la puissance militaire et politique du régime Assad. Poutine déclarait ainsi le 28 septembre, avant le début des bombardements russes : «Il n’y a d’autre manière de mettre fin au conflit syrien qu’en renforçant les institutions de l’actuel gouvernement légitime dans leur combat contre le terrorisme… » Les officiels russes ont en outre déclaré que les bombardements russes dureront de 3 à 4 mois et s’intensifieront.

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans les régions libérées de Syrie depuis le début des bombardements russes pour les condamner. Ainsi, les comités de coordination locaux (CCL) ont condamné les bombardements russes dont le but est «de garantir la survie du régime Assad», appelant «toutes les forces révolutionnaires à s’unir par tous les moyens et à agir contre l’agression militaire russe».

 

 

Consensus des grandes puissances

 

Cette évolution se déroule avec la passivité et un certain assentiment des puissances occidentales, qui veulent à tout prix « stabiliser » la région, le départ d’Assad n’étant plus la condition pour ouvrir une période de transition.

Obama a ainsi déclaré dans son discours du 28 septembre dernier à l’Assemblée générale des Nations unies sa volonté de travailler avec la Russie et l’Iran pour trouver une solution en Syrie, tout en mettant en avant l’impossibilité de revenir au statu quo d’avant le début de la guerre…

Lors des premiers raids de l’aviation russe, les officiels de Moscou ont d’ailleurs informé l’ambassade étatsunienne à Bagdad des bombardements et demandé à l’aviation militaire US d’éviter l’espace aérien syrien durant leurs opérations. Des officiels israéliens ont aussi été informés par la Russie une heure avant le début des frappes, car il existe aussi un consensus à Tel-Aviv sur l’importance du maintien du régime d’Assad.

Les chefs de gouvernement occidentaux sont tous allés dans le même sens, déclarant dans leur grande majorité qu’il ne fallait pas exclure Assad pour ouvrir une période de transition en Syrie, tout en assurant qu’il ne pouvait pas faire partie de l’avenir du pays sur le long terme. Sans préciser cette période…

Ces positions se sont renforcées avec la « crise des réfugiés ». Divers officiels n’ont pas hésité à déclarer que les Etats européens devraient se coordonner avec le régime d’Assad et ses alliés, Russie et Iran, pour mettre fin au problème de l’Etat Islamique, et donc dans leur esprit à celui des réfugié·e·s. C’est oublier que la racine des problèmes en Syrie est le régime d’Assad, responsable de plus de 90 % des civils tués en Syrie et des réfugié·e·s qui ont quitté le pays !

 

 

Non à l’hypocrisie, non aux interventions militaires

 

Il faut s’opposer à cette nouvelle intervention militaire impérialiste des alliés du régime Assad pour sauver une dictature et écraser une révolution populaire, intervention qui se traduit par de nouvelles victimes civiles et des destructions. Il faut aussi dénoncer l’hypocrisie des Etats occidentaux qui prétendant soutenir la révolution syrienne… tout en refusant tout soutien réel aux forces démocratiques de Syrie et la fourniture d’armes sans conditions politiques aux forces démocratiques de l’ASL et aux Kurdes dans leur combat contre le régime et ses alliés, et contre les forces islamiques fondamentalistes. Sans oublier le dernier bombardement des USA tuant plus de vingt personnes sur l’hôpital de MSF à Kunduz, en Afghanistan. Les politiques des Etats européens envers les réfugié·e·s et la construction d’une Europe forteresse sont encore une autre preuve de cette hypocrisie.

Enfin et surtout, les internationalistes du monde entier devraient continuer à soutenir les poches d’espoirs qui existent et résistent en Syrie, composées de divers groupes et mouvements démocratiques et progressistes opposés à tous les acteurs de la contre-révolution : le régime d’Assad et les groupes fondamentalistes islamiques. Ce sont eux qui maintiennent encore les rêves du début de la révolution et de ses objectifs : la démocratie, la justice sociale, l’égalité et la lutte contre le confessionalisme. Comme l’a écrit sur une pancarte un révolutionnaire dans la ville de Zabadani : «Les révolutions ne meurent pas, même réprimées férocement. Elles sont l’engrais de la terre et donnent vie même après un certain temps. »

Joseph Daher