AVS 21 ne sera pas notre destin

Une manifestante tient une pancarte "Travailler moins pour vivre mieux"
Manifestation contre AVS 21, Berne, 18 septembre 2021

Travailler encore. C’est en creux ce qu’insinue cette nouvelle réforme de l’AVS proposée par la majorité de nos parlementaires. Alors que le marché de l’emploi (déjà saturé) se précarise et que l’espérance de vie (des riches) s’allonge, il est absurde de continuer de faire grandir les masses travailleuses. 

À 60 ans déjà, il est difficile de continuer à travailler pour la plupart des métiers pénibles, l’objectif proposé par la réforme de se maintenir dans la vie dite « active » jusqu’à 70 ans est une illusion des métiers des classes supérieures. En plus d’être une fausse bonne solution, AVS 21 propose toute une série de mesures lourdes de conséquences. 

D’une part, comme nous l’avons par deux fois rappelé, en 2004 et 2016, « harmoniser » l’âge de départ à la retraite des femmes et des hommes est une fausse solution d’égalité. D’autre part, il est irresponsable que les banques et les assurances continuent d’investir l’argent de nos rentes dans des entreprises écocidaires, alors que l’état catastrophique du réchauffement climatique n’est plus à démontrer. La centralisation et flexibilité du travail participent à notre épuisement grandissant. Nous courons désespérément après le temps et l’argent et, lorsque nous en avons, ils ne nous permettent que peu de nous atteler à d’autres activités. 

Alors que le patronat veut nous faire travailler toujours plus, les personnes principalement impactées par AVS 21 seront comme d’habitude les personnes les plus précaires. Vouloir continuer de faire passer les profits avant les conditions de vie dans un des pays le plus riches du monde semble tout au plus cocasse pour ne pas dire offensant. 

Mais le patronat et la bourgeoisie continuent de défendre ardemment la nécessité de «sauver» une AVS en train de couler. Néanmoins, contrairement à ce que l’on tente de nous faire croire elle n’est pas déficiente. Ses finances se portent au mieux, cumulant 1,9 milliard d’excédent en 2020. Le fonds AVS est sain : nous devons nous atteler à le renforcer au lieu de disperser nos rentes dans les différents piliers. 

Ce numéro spécial revient sur l’origine du système de retraite helvétique, pointe du doigt ses manquements et propose une alternative sociale et solidaire. Le système actuel est obsolète et ne peut pas prendre en compte les divers parcours de vie tout en répondant aux besoins de la majorité de la population. Il est le reflet d’une société patriarcale et capitaliste, avantageant les hommes et les couples mariés, les hauts revenus, tout en détruisant la planète. Cette assurance sociale exclut les parcours précaires, migrants, féminins, trans*, non binaires. 

Récupérons nos droits et notre argent et entamons la transition vers une alternative féministe, écologiste et solidaire. De par le monde, de nombreuses voix s’élèvent contre les systèmes de rentes basés sur le profit et la capitalisation. Osons penser un système de retraites solidaires orientées vers l’adage « travailler moins pour vivre mieux » au lieu d’alimenter le capital. 

2022 sera marquée par la lutte pour la préservation de nos rentes et de nos qualités de vie. Sur nos lieux de travail, d’étude et de vie, discutons de la retraite et opposons-nous à AVS 21. Mobilisons-nous massivement pour une victoire en votation et que cette réforme soit la dernière imposée par le gouvernement. Nous travaillerons moins, vivrons mieux et dignement. 

Clara Almeida Lozar