Melilla

Frontières et barbelés ensanglantés

Les frontières militarisées ont provoqué un nouveau drame le 24 juin 2022. Les images de centaines de corps entassés derrière un grillage, surveillés par des garde-frontières et policier·ère·s armé·e·s de matraques circulent. 

Die-in pour protester contre le massacre de Mellila
Rassemblement pour dénoncer le massacre de Mellila,Madrid, 26 juin 2022

Les relations diplomatiques entre l’État espagnol et le Maroc ont été particulièrement houleuses ces deux dernières années. Au centre des disputes : le conflit du Sahara occidental, l’autonomie de l’ancien protectorat sahraoui. Après deux années de pandémie au cours desquelles les frontières se sont quasiment hermétiquement fermées, laissant passer uniquement touristes et corps diplomatiques, la frontière a ensuite été une arme politique pour remporter le conflit entre les deux pays. Le plus grand moment de tension survient en 2021, suite à l’hospitalisation du leader indépendantiste sahraoui du Front Polisario, Brahim Ghali à Madrid. Pour exprimer sa désapprobation et son mécontentement le gouvernement marocain ouvre la frontière à Ceuta, laissant passer plusieurs vagues de personnes, provoquant une forte tension dans les relations diplomatiques. 

Le vendredi 18 mars, un pacte est signé entre Madrid et Rabat, permettant ainsi de régler la question du Sahara pour le Maroc (au détriment de l’autodétermination des peuples) et la question de la régulation des flux migratoires pour l’État espagnol, ou du moins pour Pedro Sánchez. 

À la suite de la validation de l’accord sur le Sahara, la répression des migrant·e·x·s subsaharien·ne·x·s en situation d’illégalité a connu une forte croissance au Maroc. L’annonce d’un renforcement des frontières avec l’Espagne à Ceuta et Melilla ainsi que de la surveillance de la route vers les îles Canaries ont provoqué une importante vague migratoire. 

Le point culminant et funeste de cette migration s’est déroulé le 24 juin 2022. À la frontière entre Nador et Melilla environ 3000 migrant·e·x·s ont tenté de traverser en masse la frontière. Cependant, seulement une centaine ont atteint leur objectif, tandis que les autres ont subi violences et répression dans un goulot d’étranglement mortifère ayant provoqué la mort d’une quarantaine de personnes.

Contre le racisme d’État et la militarisation des frontières

À la suite de ce drame, qualifié comme une « attaque violente des frontières » par le président Sánchez qui a également félicité le gouvernement marocain pour sa gestion de la crise, faisant fi de la violence des événements et des conséquences dramatiques. Afin de dénoncer les politiques répressives et racistes du gouvernement espagnol, des mobilisations ont été convoquées par de nombreuses associations et collectifs antiracistes et de gauche radicale dans plus de 60 villes du pays. En parallèle, des commissions d’enquêtes ont été demandées par les organisations internationales afin d’éclairer sur ces événements et condamner les conséquences du drame.  

Le massacre de Melilla s’inscrit dans le continuum des violences perpétrées aux frontières par les gouvernements ancrés dans des dynamiques racistes et coloniales. 

Ces violences n’existent pas seulement au moment précis de franchir une ligne représentant la frontière, mais bien dans tout le processus migratoire qui participe de la mobilité, de l’immobilité et de l’emprisonnement des personnes. Les frontières tuent, l’Europe tue, les politiques migratoires tuent. Unissons-nous aux mobilisations pour l’autodétermination des peuples et l’ouverture des frontières partout dans le monde. Pour un accueil digne de touxtes les migrant·e·x·s et réfugié·e·x·s.

Carmen

Switzerland : zero

Le 10 juin, les 27 ministres de l’intérieur de l’UE ont signé un premier accord sur un « Nouveau pacte sur la migration et l’asile ». La veille, la Suisse avait apporté son soutien à cet accord. L’un des éléments de cet accord est la « déclaration de solidarité », avant-projet du futur « Mécanisme de solidarité » de l’UE. 

Dans le langage bureaucratique de l’UE, « solidarité » signifie la répartition dans l’Union des demandeur·euses d’asile qui atteignent les côtes des pays du Sud de l’Europe et qu’on force actuellement à y rester. On parle de 10 000 personnes par an que les États devaient s’engager à se répartir. 

Fidèle a sa « tradition humanitaire », la Suisse a communiqué le 27 juin le nombre de personnes qu’elle accueillera : zéro. NW

LA LUTTE PAIE : SUNIL LIBRE !

Détenu pendant 17 jours en vue de son renvoi forcé, le journaliste bangladais a été libéré le vendredi 1er juillet. La belle mobilisation unitaire militante et juridique a permis que l’autorité cantonale rende enfin un préavis positif à l’octroi d’un permis de séjour pour cas de rigueur. C’est une reconnaissance des risques pour sa vie, qu’il tente de faire entendre depuis 10 ans en Suisse, mais aussi d’une violence institutionnelle des autorités envers les personnes migrantes. Le combat continue. TV