Brésil
L’Amazonie entre destruction environnementale et espoirs politiques
Le nombre d’incendies ravageant la forêt amazonienne bat un nouveau record ce mois de septembre 2024: plus de 50000 feux recensés depuis janvier selon l’Institut national de recherches spatiales (INPE) du Brésil. Malgré les efforts du président Lula pour mettre fin à la déforestation massive, le besoin d’un changement de politique est urgent.

Le brûlage est une technique primitive, courante dans les zones rurales, et utilisée pour débarrasser les terres de végétation. Vu l’énorme consommation de produits animaliers de nos jours, cette pratique permet de créer de grandes zones d’élevage de bovins exportés vers la Chine, les États-Unis et l’Union Européenne. Malgré l’interdiction du brûlage, les grands fermiers associés à l’agrobusiness continuent de le faire pour augmenter leur production.
L’Amazonie est un biome qui ne brûle pas naturellement en raison de la forte humidité, mais le changement climatique et le phénomène El Niño la rendent de plus en plus sèche avec de longues périodes de sécheresse. Les températures élevées, une humidité faible, l’usage du brûlage et d’autres incendies volontaires rendent les épidémies de feux incontrôlables. De plus, des zones forestières au cœur de l’Amazonie, sans activités humaines, brûlent elles-aussi à cause des effets du dérèglement climatique.
L’ensemble de ces facteurs mènent inévitablement à des catastrophes environnementales sans précédent. La biodiversité et l’équilibre de l’écosystème mondial sont mis en péril et l’atmosphère devient irrespirable. Les populations autochtones sont forcées de se déplacer, ce qui détruit leurs communautés et leurs modes de vie traditionnels.
À la mi-septembre, 60% du territoire brésilien se trouvait dans une situation apocalyptique: un ciel couvert de fumée, un soleil orange et un air devenu toxique. Si la destruction environnementale persiste, l’impact sur la planète sera irréversible.
Réparer les dégâts de Bolsonaro
En juin de l’année dernière, le président Lula a dévoilé un plan qui vise à mettre fin à la déforestation de l’Amazonie au Brésil, d’ici 2030. Au cours de sa première année au pouvoir, le taux de déforestation a été divisé par deux. Bien que ces actions soient une amélioration par rapport aux politiques écocidaires du gouvernement Bolsonaro, il reste encore beaucoup à faire pour préserver la région. En effet, Bolsonaro avait réduit le financement pour la protection environnementale et a activement encouragé la conversion des forêts en pâturages, laissant un héritage d’activités criminelles et destructrices en Amazonie. Même si la déforestation a diminué, de nombreux acteurs de l’agrobusiness en profitent toujours pour brûler délibérément des terres afin de les utiliser à des fins privées. En outre, le combat contre l’idéologie bolsonariste, néolibérale à l’extrême, antidémocratique et climatosceptique reste quotidien pour la population locale.
De nombreuses mesures écosocialistes devraient être appliquées afin d’amener des changements concrets et efficaces dans le moyen et long terme. Parmi ces mesures nous trouverions l’interdiction de l’exploitation forestière par des entreprises privées, la collaboration avec les peuples autochtones et la démarcation de leurs territoires, la régulation des pâturages et l’imposition des grandes sociétés de l’agrobusiness. La réparation des dégâts causés par des décennies d’irresponsabilité écologique et sociale devrait devenir une priorité.
En attendant: agroécologie, autonomie et résistance
Bien que la ministre brésilienne de l’environnement, Marina Silva, a déclaré que le gouvernement évaluait la création d’un Conseil national de sécurité climatique et d’un Plan de prévention des effets climatiques extrêmes, ces mesures seraient insuffisantes et le gouvernement de Lula continue à traiter avec le grand agrobusiness, nocif pour l’environnement et la société. En effet, du côté des mouvements sociaux et des peuples autochtones, les revendications sont claires: iels proposent de développer un nouveau modèle d’agriculture, basé sur agroécologie et la production d’aliments sains et de qualité. En outre, iels demandent un plan de reboisement des zones dégradées, la restauration des sources naturelles et le renforcement des projets coopératifs et solidaires au sein des communautés locales.
De projets dirigés par des femmes racisées au nord du Brésil, dans de terres dégradées par la monoculture, ont déjà fait preuve d’efficacité. En utilisant de pratiques agroécologiques, elles ont réussi à régénérer la terre et produire de la nourriture bio et des plantes indigènes dans une pépinière collective. Le besoin d’action coordonnée sur différents fronts en rassemblant diverses acteur·ices est plus qu’urgent: il n’y a pas de révolution en terre rasée.
Beatriz et Philippos